Que
disent les saints du petit nombre des Elus ? (ch.1-5)
-- (ch.6 à
fin du livre)
Abbé F.X. Godts, De Paucitate
Salvandorum quid docuerunt Sancti ?
Une
dernière chance pour tous de se sauver à la mort ?
(illumination finale ? Option finale ?
Réponse à Arnaud Dumouch, réponse à Mgr Michel
Aupetit, réponse au père Edouard-Marie Gallez, réponse
au père Marie-Joseph Verlinde, etc...)
Evangile selon saint Matthieu chapitre
7, verset 13-14 :
13. Entrez par la porte étroite
car elle est large la porte et elle est large la route qui conduit à
la perdition et ils sont nombreux ceux qui entrent par elle.
14. Mais combien elle est étroite
la porte et combien elle est resserrée la route qui conduit à
la vie
et ils sont peu nombreux ceux
qui la trouvent.
Evangile selon saint Luc chapitre 13,
verset 24 :
Luttez pour entrer par la porte étroite
ils sont nombreux ceux chercheront
à entrer au Paradis et ne le pourront pas.
"Il faut constater comme un fait historique
l'accord sur le petit nombre des élus entre les représentants
les plus éminents de la pensée chrétienne occidentale
depuis la fin de l'Antiquité jusqu'au XIXème siècles."____________Jean
Delumeau,
Le Péché et la Peur, Paris, Fayard, oct.
1984, p.317.
Article Enfer du Dictionnaire de Théologie Catholique (106 pages).
Apparitions de d'hommes et de femmes damnés en enfer pour l'éternité
Cardinal Charles Journet: Un monde avec le mal peut être meilleur, au final, qu’un monde sans le mal cf. L'Eglise du Verbe Incarné T.III., p.100-102.
Saint Alphonse-Marie de Liguori---Les 4 portes de l'Enfer-pdf-
saint Pierre Canisius, Que penser de l'enfer et des peines de l'enfer ?
Dom B. Maréchaux - Du Nombre des élus
Jose Ricart Torrens -Le Nombre des Elus--1--2--3--4--5
Abbé Guy Pagès, L'enfer et l'espérance, Réponse à Urs von Balthasar - mémoire de licence en théologie - télécharger
Abbé Pierre-François Foggini
-
Unanimité
des Pères de l'église sur le petit nombre des élus
- édition partielle 20 p.
Abbé Louis Brémond La Conception Catholique de l'Enfer - Réponses aux Objections - fichier pdf de 2,7 Mo ! - télécharger
Eléments de réponses aux objections :
- L'enfer est un mystère, on ne pourra jamais le comprendre pleinement.
Le risque d'aller en enfer est une épreuve d'humiliation à laquelle l'homme est soumis par Dieu.
De même que plusieurs
Pères de l'Eglise pensent que Satan a été mis à
l'épreuve en devant accepter l'Incarnation de la 2ème personne
de la Sainte Trinité,
de même que saint
Joseph a été soumis à l'épreuve en affrontant
la grossesse évidente de la Vierge Marie,
de même qu'Abraham
a été mis à l'épreuve par la demande d'égorger
en sacrifice son fils unique Isaac duquel devait sortir toute sa descendance
promise par Dieu,
les hommes sont tenus d'adorer un Dieu parfait, tout puissant, infiniment aimant et qui pourtant, permet la damnation de milliards d'hommes et de femmes. [Depuis l'apparition de l'espèce humaine, 80 milliards d'hommes auraient vécu sur Terre].
Beaucoup d'athées refusent de servir
un tel Dieu parce qu'ils jugent cela inadmissible, cruel et coupable.
Beaucoup de chrétiens refusent
la réalité de ce qui est clairement expliqué et enseigné
par l'Evangile et par toute la Bible, ils trouvent des subterfuges visant
à vider de sa réalité un dogme qu'ils savent ne pas
pouvoir effacer purement et simplement des livres saints.
Cela donne cette idée à la mode selon laquelle l'enfer existe mais il serait vide ou presque vide, il faudrait pour y aller une malice, un acharnement et une persévérance dans le mal qui fait dire à la plupart d'entre nous : voilà qui est bien rassurant car jamais je ne serai capable de commettre un tel mal et encore moins jusqu'aux derniers moments de ma vie, quand je me trouverai au bord de l'éternité.
Le péché d'Adam, le péché originel, ayant été un péché d'orgueil [et non de sexualité], la réparation de ce péché, se fait par l'humilité. Oui Seigneur, je t'aime et je te sers même si je ne comprends pas, je t'aime Seigneur et je te fais confiance. J'ai la certitude absolue que tu es un Dieu d'amour infini.
- Chacun reçoit ce qu'il a demandé et voulu, on récolte ce que l'on sème. Qui récolte le péché sans travailler à se guérir du péché, récolte la souffrance éternelle. Dieu a créé une créature capable de mouvoir sa volonté vers le bien ou vers le mal. Nous avons été élevé à la dignité de cause. cf. Saint Irénée dans Contre les Hérésies, livre 4.
- Celui qui, s'il pouvait vivre éternellement sur Terre, voudrait éternellement y vivre dans le péché, crée son propre enfer, il crée la condition pour s'exclure de Dieu et subir l'effet perpétuel de cette volonté perpétuelle de rejeter Dieu et sa loi.
- Nous ne sommes rien face à Dieu,
Dieu a tous les droits sur nous, nous n'avons rien à dire, nous
lui devons tout, cf. saint Paul "l'argile dont le potier fait des vases
va-t-elle lui demander des explications si d'une portion d'argile, le potier
en fait un vase à fleurs et d'une autre portion d'argile, il en
fait un pot de chambre ?" Lettre aux Romains, 9, 21.
Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la sainte Face, Docteur de l’Eglise, aussi nommée Thérèse de Lisieux :
lettre à Céline
le 14 juillet 1889.
« Céline, durant les brefs
instants qui nous restent, ne perdons pas de temps... sauvons les âmes...
car les âmes se perdent comme des flocons de neige
; Jésus pleure et nous ne pensons qu' à notre douleur sans
consoler notre Epoux. Oh ! Chère Céline, vivons pour les
âmes des prêtres ; ces âmes devraient être plus
transparentes que du cristal. Hélas ! combien de mauvais prêtres
et combien de prêtres qui ne sont pas saints comme ils devraient
l'être ! »
Saint Vincent de Paul, Entretiens Spirituels,
"je crois de que les deux tiers de l'humanité sont damnés à cause du péché de paresse".
[il fait sans doute allusion à la paresse en matière de prière, personne ne peut être sauvé sans prier, sauf par mode d'exception : cas où, dans la communion des saints, un autre catholique obtient miséricorde pour une personne en état de refus de Dieu. Le bon larron n'a échappé aux conséquences de ses crimes que parce qu'il a prié Jésus.]
Saint François de Sales
"Or si c'est toujours l'homme qui manque
à la grâce
et que jamais la grace ne nous manque,
si l'on voit en toutes sortes d'états,
de conditions et de vocations
un si grand nombre de réprouvés
et peu d'élus,
qui s'asseurera et vivra sans apréhension
de perdre cette grâce
ou de lui refuser son consentement ?"
Sermon LVIII pour le Jeudi après
le deuxième dimanche de
carême coïncidant avec la fête
de Saint Mathias 24 février 1622, Sermons de saint François
de Sales,
Tome X de ses oeuvres complètes,
p.249, éd. Annecy, France, 1898.
"les hommes sont tellement pervertis, que
dès leur adolescence ils ont quitté la voie du salut et ont
pris le chemin de perdition. Estant parvenus à l'aage de raison
ils prennent leur route à main gauche"
Sermon pour la présentation,édit.
1839 T. II. p. 381 col 2.
"Ceste non jamais asses considérée
proposition: il y en a beaucoup d'appellés, mais peu de
choysis. Tous ceux qui sont en Eglise
sont apellés, mays tous ceux qui y sont ne sont pas
esleuz; aussy Eglise ne veut pas dire
election mais convocation."
Des Controverses,
P. I. Chap 2 art 2 édit Annecy Tome I page 55.
"Qui auroyt les yeux asses clair voyans
pour voir l'issue de la course des hommes, verrait
bien dans l'Eglise de quoy s'escrier:
Plusieurs sont appeléset peu son esleuz; c.à.d., plusieurs
sont en la militante qui ne seront jamais en la triomphante. Combien sont
dedans qui seront dehors, comme Saint Anthoyne prévit d'Arrius,
et saint Fulbert de Bérengaire."
Des Controverses,
P. I. Chap 2 art 2 édit Annecy Tome I page, page 60.
"Au jour du jugement, les vertus des payens
les défendront, non afin qu'ils soient sauvez,
mais afin qu'ils ne soient pas tant damnez"
Traité de l'amour de Dieu,
Livre XI chap X Annecy 1839 T. IV. p. 449
Saint François de Sales
pense
que la majorité des catholiques refusent d'aimer Jésus
et choisissent la haine de Jésus
et l'enfer éternel
[qui veut toujours pécher, est
toujours en état de haine de l'Amour.]
Saint François de Sales professe
le petit nombre des élus.
Sainte Brigitte de Suède
"[...] Vous donc mes amis, qui êtes
au monde, marchez surement; criez et annoncez-leur ma volonté, et
aidez-les, afin qu'ils puissent accomplir mes volontés. Je serai
dans votre coeur et dans votre bouche. Je serai votre conducteur en la
vie, et votre conservateur en la mort. Allez sûrement, je ne vous
laisserai point. La gloire croît par le labeur, car je pourrai toutes
choses en un moment et en une parole, mais je veux que du combat croisse
votre couronne, et que de votre courage croisse mon honneur. N'admirez
pas ce que je vous dis, car si un homme sage pouvait considérer
ceci dans le monde, combien d'âmes descendent tous les jours
dans l'enfer, il verrait qu'il y en a plus que du sable dans la mer et
que de petits cailloux au rivage, car la justice et l'équité
veulent que ceux qui se sont séparés de Dieu soient conjoints
avec le diable. Partant, afin que le nombre du diable soit diminué,
qu'on voie le péril présent et que mes troupes soient augmentées.
Je parle ainsi, afin que, par aventure, s'ils entendent, ils s'amendent.
Révélations Livre
2 chapitre 6, Révélations
approuvées
par 3 papes et le concile de Bâle.
Jesus a dit à Gabrielle
Bossis [auteur de livres de révélations privés
publiés avec imprimatur] : à chaque minute,
tu peux sauver [de l'enfer] des milliers d'âmes,
Si les hommes préférent en
masse l'enfer, c'est qu'ils préfèrent en masse le péché,
mais ils peuvent changer de vie et embrasser
la vie que Jésus leur propose.
Jésus a dit à Saint
Séraphin de Sarov
Acquiers la paix intérieure
et des âmes par milliers, trouveront auprès de toi le Salut
saint Séraphin disait : Tout est
subordonné à l'acquisition de cette paix : l'adhésion
à l'Eglise, la vraie espérance, l'absence des passions, le
pardon des offenses, l'abstention du jugement de son prochain et surtout
le silence intérieur
Saint Claude de la Colombière
dit: qu'importe si sur 100.000 personnes seul un petit nombre est sauvé
car tous les bons sont sauvés et tous les mauvais sont damnés.
Seul compte de faire partie des bons
et de prier pour le salut des hommes qui s'attachent au péché.
Saint Thomas d'Aquin
dans la Somme Théologique,
Prima
Pars, question 23, article 7, réponse 3, saint Thomas d'Aquin
explique par un raisonnement logique pourquoi la majorité va en
enfer et la minorité va au paradis :
la vision de Dieu dépasse les forces
communes de la nature, surtout depuis le péché originel,
or ce qui dépasse les force
communes de la nature ne se trouve pas réalisé dans le grand
nombre
mais dans une minorité d'hommes,
donc la majorité va en enfer et
manque pour toujours la vision de Dieu.
commente ce texte de saint Paul :
Saint Paul nous rappelle qu'il ne faut
pas compter être sauvé si l'on ne veut pas faire effort ;
il donne l'exemple des sportifs qui veulent remporter une coupe :
Ne savez vous pas que, dans les courses du stade, parmi tous ceux qui courent,
un seul remporte le prix ?
(I Cor. IX, 24).
Et il engage les Chrétiens à
faire de même, à faire effort. Pour lui, il châtie son
corps de crainte de devenir un réprouvé (I Cor. IX, 27).
Commentaire de la 1ère
lettre de saint Paul aux corinthiens, traduction par l'abbé Bralé,
éd Louis Vivès, Paris, 1870, p. 328.
Saint Thomas d'Aquin commente
ce verset 24 en trois mots lapidaires In primo notatur conditio
viatorum, in secundo multitudo vocatorum, in fertio paucitas électorum
?
En premier lieu, nous trouvons notée
ici notre condition de voyageurs [placés sur terre] pour faire notre
salut,
en second lieu, la multitude de ceux qui
sont appelés [tout le monde est appelé],
en troisième lieu, le petit nombre
des élus. [le grand nombre va en enfer]
Somme Théologique. Ia Pars
Question 63 : LE MAL DES ANGES QUANT À
LA FAUTE
Article 9 : Y a-t-il autant d'anges tombés
que d'anges restés fidèles ?
2. La justice et le péché
se trouvent de la même manière chez les anges et chez les
hommes. Mais, parmi les hommes, il y en a plus de mauvais que de bons,
selon cette parole de l'Ecclésiaste (1, 15, Vg) : « Le nombre
des insensés est infini. »
Saint Bernard :
oeuvres complètes de saint Bernard,
tome III, p.11 Ed. Louis Vivès 1867. Texte tiré du troisième
sermon pour la Vigile de la Nativité.
« Quel homme en effet, ne
fût-il même chrétien que de nom, ignore que le Seigneur
doit venir un jour et qu'il viendra en effet, pour juger les vivants et
les morts et rendre à chacun selon ses oeuvres? Non mes frères,
tout le monde ne sait point cela, ce n'est même su que de peu d'hommes,
puisqu'il
y en a si peu de sauvés. »
3. Suivons donc le conseil du Prophète
(Ose. X, 12, juxta LXX.), allumons-nous, le flambeau de la science à
cet astre si grand et si brillant, avant de sortir des ténèbres
de ce monde, de peur que nous ne passions des ténèbres aux
ténèbres, mais à des ténèbres éternelles.
Mais de quelle science parlé je ? De celle qui consiste à
savoir que le Seigneur viendra, quoique nous ne puissions savoir quand
il viendra. Voilà tout ce qui nous est demandé. Vous me direz
peut-être que tout le monde aujourd'hui a cette science-là;
quel homme, en effet, ne fut-il même chrétien que de nom,
ignore que le Seigneur doit venir un jour et qu'il viendra en effet, pour
juger les vivants et les morts, et rendre à chacun selon ses oeuvres?
Non, mes frères, tout le monde ne sait point cela, ce n'est même
su que de peu d'hommes, puisqu'il y en a si peu de sauvés. Pensez-vous,
par exemple, que ceux qui sont heureux quand ils ont mal fait, et se réjouissent
des pires choses (Prov. II, 14), sachent ou se rappellent qu'un jour le
Seigneur viendra? S'ils l'affirmaient eux-mêmes, gardez-vous de les
croire, car « celui qui dit qu'il le connaît et ne garde point
ses commandements est un menteur, dit l'Apôtre (I Joan. II, 4). —
Ils font profession, dit saint Paul, de connaître Dieu, mais ils
le renoncent par leurs oeuvres, (Tit. I, 16) — attendu, continue saint
Jacques, que la foi sans les oeuvres est une foi morte (Jac. II, 20). »
En effet, ils ne se souilleraient point de tant d'impuretés s'ils
savaient que le Seigneur doit venir, et s'ils redoutaient sa venue; au
contraire, ils veilleraient sur eux, et ne laisseraient pas le mal faire
de tels ravages dans leur âme.
Saint Alphonse Marie de Liguori, docteur de l'église:
« La majeure partie des âmes
va en enfer à cause des péchés sexuels [péchés
"d'impureté"] : qui plus est, je n'hésite pas à affirmer
que ceux qui se damnent vont en enfer ou bien pour ce seul péché
ou au moins pas sans lui. »
Theologie Morale de Saint Alphonse de
Liguori, livre 3, N°413, [Lib. III. N°413].
[Nunc aegrè materiam illam tractandam
aggredimur, cujus vel solùm nomen hominum mentes inficit. Det mihi
veniam, quaeso, castus lector, si plures quaestiones, et circumstantias,
à P. Busembao omissas, hic discussas, et declaratas inveniet : utinam
breviùs, aut obscurius explicare me potuissem ! Sed cum haec sit
frequentior atque abundantior confessionum materia, et propter quam
major animarum numerus ad infernum delabitur, imo non dubito asserere,
ob hoc unum impudicitiae vitium, aut saltem non sine eo, omnes damnari,
quicumque damnantur. p.76/221 du pdf]
Sermon pour le troisième dimanche
de l'Avent:
« La route du ciel est étroite
et pour me servir d'une expression familière, les carosses
n'y passent pas; en sorte que vouloir aller au ciel en carosse, c'est y
renoncer. Bien peu d'âmes y parviennent parce que bien peu veulent
se faire violence pour résister aux tentations. »
Dans une lettre adressée à un évêque, saint Alphonse a écrit qu'un catholique, venant à mourir l'année où il a fait (et bien fait) sa mission, se damnera difficilement. S'appuyant sur cette lettre, Mgr Bougaud lui fait dire, absolument, qu'un catholique se damne difficilement. Il s'agit là d'une fausse interprétation de texte. Saint Alphonse, en plusieurs de ses oeuvres, insiste sur la doctrine traditionnelle du petit nombre des élus, comme l'ont toujours soutenu les religieux de son ordre.
« Eh quoi ! pensez-vous peut-être qu'il n'y a point de religieux en enfer ? Ah ! combien n'en verrons-nous pas qui y seront damnées au jour du jugement ! Comme beaucoup d'entre elles [les âmes ayant fait les voeux religieux] mènent une vie pleine de péchés, au moins véniels, on a raison de craindre que Dieu ne les vomisse et ne les abandonne à cause de leur tièdeur. »
oeuvres complètes de saint Alphonse de Liguori, oeuvres ascétiques, tome XI p. 248 (Casterman 1879).
« Notre Dieu est si bon et il a tant
d'amour pour nous qu’il désire ardemment d'être aimé
de nous ; c'est pourquoi non seulement Il nous a appelés à
son amour par invitations si multipliées dans les Saintes Ecritures
et par tant de bienfaits communs et particuliers, mais Il a voulu même
nous obliger à L'aimer, par un commandement exprès, en menaçant
de l'enfer ceux qui ne L’aiment point et en promettant le paradis à
ceux qui L’aiment. Dieu veut que tous les hommes se sauvent et qn'aucun
ne se perde, comme l'enseigne très clairement saint Paul ainsi que
saint Pierre. Il veut que tous les hommes se sauvent. Mais si Dieu veut
que nous nous sauvions tous, pourquoi a-t-il créé l'enfer
? Il a créé l'enfer, non pour nous voir damnés, mais
pour se voir aimé de nous. En effet, s'Il n'avait pas créé
l'enfer, qui L'aimerait en ce monde ? On voit la plupart des hommes
se livrer à la damnation éternelle plutôt que d'aimer
Dieu ; qui donc, je le répète, s'il n'y avait pas d'enfer,
qui L'aimerait ? Ainsi, le Seigneur a menacé d'un supplice éternel
quiconque refuse de L'aimer, afin que ceux qui ne L’aiment pas de leur
bon gré L'aiment au moins de force, par crainte de l'enfer. »
« Quand nous arrivons en quelques lieu, - écrit saint Alphonse de Liguori à ses missionnaires, - nous y trouvons le plus grand nombre des habitants dans la disgrâce du Seigneur, où les tient enchaînés le péché. » Circulaire 29 juin 1774. Et il parlait de villageois aussi catholiques et aussi pieux du royaume de Naples au XVIIIème siècle. Que dirait-il de nos Sodome et Gomorrhe actuels ?
Sainte Thérèse d’Avila
, docteur de l’Eglise :
Vie écrite par elle-même,
ch. 32
« Cette vision m'a procuré, en outre, une douleur immense de la perte de tant d'âmes... Elle m'a procuré aussi les désirs les plus ardents d'être utile aux âmes. II me semble en vérité que, pour en délivrer une seule de si horribles tourments, je souffrirais très volontiers mille fois la mort. »
« Ayant appris vers cette époque
de quelles terribles épreuves souffrait la France, les ravages qu'y
avaient fait les luthériens... Comme si j'eusse pu, ou que j'eusse
été quelque chose, je répandais mes larmes aux pieds
du Seigneur et le suppliais d'apporter un remède à un tel
mal. Il me semblait que j'aurais sacrifié volontiers mille vies
pour
sauver une seule de ces âmes qui s'y perdaient en grand nombre.
O mes soeurs en Jésus-Christ, aidez-moi à adresser cette
supplique au Seigneur. C'est pour cette oeuvre qu'Il vous a réunies
ici ; c'est là votre vocation ; ce sont là vos affaires ;
tel doit être l'objet de vos désirs . »
Chemin de la Perfection, ch. I.
Saint Clément: « Il existe deux voies. Celle de ceux qui périssent est large et plane, on s'y perd sans fatigue ; celle des sauvés est étroite et âpre, elle mène au salut avec beaucoup de labeur. » Hom. VII.
Saint Clément d’Alexandrie
au sujet de la parabole des deux voies
: « L'une est étroite parce qu'elle est resserrée par
des commandements et des prohibitions ; "l'autre est large et spacieuse
parce qu'on y donne libre carrière aux voluptés et à
la colère". Pythagore à ce sujet nous défend de suivre
la sentence de la multitude, qui, dit-il, le plus souvent est téméraire
et absurde. »
Stromate. livre. V. chapitre. 5.
Lactance
« Celui-là seul qui suit
la justice et la vérité recevra la récompense immortelle
et entrera en possession de l'éternelle lumière. Or, d'après
le Sauveur, c'est le petit nombre qui marche dans cette direction. »
Inst. lib. VI. c. 3.
Saint Irénée
père de l'église : « II en est aujourd'hui comme sous
l'Ancien Testament : Dieu ne se plait pas dans le grand nombre : beaucoup
d'appelés, peu d'élus. »
Contre les Hérésies. C.XXXVI.
Saint Hilaire, docteur de
l'église :« Toute chair viendra au jugement: mais bienheureux
qui sera élu. Car suivant l’Evangile, beaucoup d’appelés,
peu d’élus. »
Enar. In Psal. LXIV.
Saint Basile de Césarée
- saint Basile le Grand, père et docteur de l'église
: « Range-toi du petit nombre. Le bien est rare : il y en a peu qui
entrent au royaume des cieux. Prends garde de croire
que tous ceux qui habitent une cellule [de moine, Basile parle des
moines] seront sauvés, quelle que soit leur
vie, bonne ou mauvaise. »
Serm. De Ren. Saeculi.
Saint Grégoire de Nazianze,
père et docteur de l'église :
il appelle ceux qui se perdent une «
poussière infinie ».
Orat. XLII ad 150 Ep.
Saint Grégoire de Nazianze
Cinq Discours sur Dieu, premier
discours, paragraphe 8:
"Mais quand tu entends dire qu'il n'y a
qu'une seule voie et qu'elle est étroite, que signifient ces mots,
à ton avis ?
- Il n'y a qu'une voie, du point de vue
de la vertu;
elle est unique, même si elle se
divise en plusieurs branches ;
elle est étroite à cause
des sueurs qu'elle fait répandre et parce que peu de gens la suivent,
si on les compare avec la foule de ceux
qui suivent la voie opposée, celle du mal."
C'est aussi mon avis.
Saint Ambroise, père
et docteur de l'église : à la question du psaume : «
qui habitera, Seigneur, en votre tabernacle, ou qui se reposera sur votre
sainte montagne ? », il répond : « non pas personne,
mais peu de personnes, non utique nullus, sed rarus »
In Apol. pro Davide, c. IX.
Saint Jean Chrysostome,
père et docteur de l'église : parlant au peuple d’Antioche,
il s’écrie :
« combien pensez-vous qu’il y ait
de sauvés dans votre ville ? Ce que je vais dire est pénible,
je le dirai néanmoins. Parmi tant de milliers de personnes, il n'y
a pas cent qui arriveront au salut ; et encore ne suis-je pas sur de ce
nombre. Tant il y a de perversité dans la jeunesse, de négligence
dans la vieillesse. »
Hom: XXIV in act. Apost.
Saint Jean Chrysostome,
père et docteur de l'église, dans son homélie XXIV
sur les Actes des Apôtres, professe même la vérité
horrible que
la majorité des
prêtres ne sont pas fidèles à leur mission et se damnent
Saint Augustin, père
et docteur de l'église : « assurément ceux
qui se sauvent sont le petit nombre. Vous vous rapellez la question tirée
du saint Evangile : « Seigneur, sont-ils en petit nombre ceux
qui se sauvent ? » Que répond le Seigneur ? Il ne dit pas
détrompez-vous beaucoup sont sauvés. Non, il ne dit pas cela.
Et quoi donc ? Efforcez-vou d’entrez par la porte étroite. Et parlant
ainsi il confirme ce qu’il vient d’entendre. Il y en a peu qui entrent
par la porte étroite. Ailleurs il dit : Etroite est la porte et
resserrée la voie qui conduit à la vie, et il y en a peu
qui la trouvent. A quoi bon nous réjouir au sujet des multitudes
? Ecoutez moi ,vous qui êtes le petit nombre, vous êtes beaucoup
à m’écouter mais peu à m’obéir. Je vois l’aire,
je cherche les grains de froment. A peine voit-on les grains quand l’aire
est battue ; mais la paille sera vannée. Il y a a donc peu qui se
sauvent en comparaison de beaucoup qui périsent. »
Serm. CVI, alias de verbis Domini, XXXII
Sermon
de saint Augustin sur le nombre des élus
Saint Léon le Grand,
pape, docteur de l'église : « Alors que la voie large
menant à la mort est fréquentée par des foules nombreuses,
dans les sentiers du salut on ne voit que les rares vestiges du petit nombre
de ceux qui y entrent. »
Ser. XLIX. c. 2.
Saint Grégoire le Grand,
pape, docteur de l'église : « vous êtes
réunis içi en grand nombre pour cette solennité ;
vous remplissez l’enceinte de cette église : qui sait en quel petit
nombre se trouvent parmi vous les élus de Dieu ? »
Hom. XIX, in Evang. §5.
Saint Anselme, docteur de
l'église : « que parmi beaucoup d’appellés,
il y ait peu d’élus, nous ne sommes certains, puisque la Vérité
[= Jésus] le dit ; mais combien peu il y en a, nous ne sommes incertains,
la Vérité ne le disant pas. C’est pourquoi quiconque ne vit
pas comme le petit nombre, qu’il se corrige et se range du côté
du petit nombre ; autrement qu’il se tienne assuré de sa réprobation.
Quant à celui qui est avec le petit nombre, qu’il ne se tienne pas
encore assuré de son élection pour cela. »
Epist. II, libri I.
Saint Vincent Ferrier, docteur
de l'église : « oui il y en a peu qui la trouvent, moins
encore qui y demeurent, très peu qui le suivent jusqu’au bout. »
Serm. IV, Edit. Anver. P.318
Autre citation en latin :
« Sextum caelum est Dominationum.
Ibi colocantur, qui habent praesidentiam humanalem, qui habent dominium
justum et bono titulo et servant justitiam... Idem de praelatis, qui intrant
per portam et quando sunt intus bene gubernant se, et magis curant de animabus,
quam de redditibus. Tales cum morientur, cum magno honore in iste sexto
ordine collocantur. Cum transeunt per ordinem Angelorum, Archangelorum...
in quolibet ordine fit eis magnun festus. Dicunt angeli : «
Faciamus magnum festum, quia tot annis quod nullus huc venit de istis.
».
Sermon III : De Omnibus Sanctis.
Saint Bonaventure, docteur
de l'église : comme tous les hommes devraient être damnés
en tant que tous issus d'une masse de perdition, s'il y en a un plus grand
nombre de réprouvés que de sauvés, c'est pour faire
voir que le salut provient d'une grâce spéciale, tandis que
la damnation est selon la justice commune. Personne ne peut se plaindre
de la volonté divine qui agit en tout avec une suprême rectitude
; bien plus nous devons en toutes choses lui rendre grâce et honorer
le gouvernement de la divine Providence. »
Brevil. Pars. I. c. 9.
Saint Thomas d’Aquin, docteur
de l'église :
« Le bien, qui est proportionné
à la nature, se produit dans la plupart des êtres et ne manque
que dans le petit nombre d'entre eux ;
mais le bien qui excède l'état
commun de la nature se trouve seulement dans un petit nombre et manque
dans le grand nombre.
Ainsi la plupart des hommes ont une science
suffisante pour le gouvernement de leur vie ;
le nombre de ceux à qui cette science
fait défaut, et qu'on appelle des idiots, est relativement petit
;
mais très petit est le nombre de
ceux qui atteignent à une science profonde des choses intellectuelles.
Donc comme la béatitude éternelle,
consistant en la vision de Dieu, excède l'état commun de
la nature en ce que celle-ci a été destituée de la
grace par la corruption du péché originel, c'est le petit
nombre qui se sauve.
Et en cela même la miséricorde
de Dieu brille d'un éclat singulier : car elle élève
un certain nombre de créatures humaines au salut éternel,
alors que la plupart s'y dérobent selon le cours ordinaire des choses
et l'inclination de la nature. »
Sum. theol. I Pars. q. XXIII a. 7.
Saint Thomas de Villeneuve,
: « Beaucoup d'appelés, peu d'élus, terrible
sentence ! Croyez-moi, mes frères, croyez ce dont je n'ai cessé
de vous avertir, ce que je n'ai cessé de crier à vos oreilles
: si vous ne travaillez pas énergiquement à votre salut,
si vous n'en faites pas plus que le commun des hommes, vous ne recevrez
pas la récompense éternelle. »
Conci. II in Dom, Septuag.
Saint Pierre Canisius docteur
de l'église :« Je prêcherai le juste jugement par lequel
Dieu, tirant vengeance du mépris de sa grâce, ne choisit pour
la gloire céleste qu'un petit nombre de ceux qu'il a appelés
à son Eglise. »
Commentaire de l'Evangile du Dimanche
de la Septuagésime
Saint Robert Bellarmin,
docteur de l'église :
« Que personne ne pense que le nombre
des élus surpassera celui des réprouvés, parce qu’il
est dit au chapitre VII de l'Apocalypse que les élus ne peuvent
être comptés ! A la vérité, il y aura bien plus
d'élus parmi les gentils que parmi les hébreux. Mais le nombre
des élus, soit juifs, soit gentils, sera tout à fait inférieur
au nombre des réprouvés. Les juifs élus ne feront
pas la millième partie des juifs réprouvés. Et l'on
peut dire la même chose à proportion des chrétiens.
Ce que dit Notre-Seigneur en saint Matthieu et en saint Luc de la voie
resserrée et de la porte étroïte est commun aux juifs
et aux chrétiens. »De gemitu Columbae.[traduction: les gémissements
de la colombe Lib. I, c. VI.
Saint Claude de la Colombière
:
oeuvres complètes de saint P. de
La Colombière, de la Compagnie de Jésus, les « jésuites
», Tome III. Sermons , LIIe sermon, De la pénitence différée
à la mort, Grenoble 1901, p. 321-322.
« C’est une chose bien digne d'admiration
que, le patriarche Abraham ayant reçu ordre de faire mourir son
fils Isaac, non seulement il ne murmura point contre Dieu, mais il ne laissa
pas de croire qu'il deviendrait, par ce même fils, le père
d'une très nombreuse nation... Mais, quelque grande qu'eût
été la confiance de ce saint homme, il faut avouer que celle
des pécheurs va plus loin encore.
Non seulement ils espèrent contre
l'espérance, mais ils espèrent même contre la foi.
Ils espèrent en Dieu, pour ainsi dire, contre Dieu même, et
au lieu qu'Abraham crut que le Seigneur ferait un miracle plutôt
que de manquer à sa parole, ceux-ci croient que la parole cle Dieu
manquera plutôt qu'il ne se fasse un miracle en leur faveur... »
Bossuet :
Méditations sur l'Evangile.
« Il y a beaucoup d'appelés
et peu d'élus. Jésus-Christ nous en a souvent avertis. Cela
est vrai premièrement parmi les juifs. Mais le Sauveur ne parle
pas seulement des juifs à l'endroit que nous lisons de la parabole
; car c'est après nous avoir fait voir les gentils appelés
en la personne de ces aveugles et de ces boiteux qui sont invités
à son festin qu'il conclut qu'il y a beaucoup d'appelés et
peu d'élus... Ne vivons pas comme la plupart... n'alléguons
pas la coutume, rangeons-nous avec ce petit nombre d'élus que le
monde ne connaît pas mais dont les noms sont inscrits dans le ciel.
»
Saint Louis Marie Grignon de Montfort
:
Lettre aux Amis de la Croix, N°14
«SI QUELQU’UN VEUT VENIR APRES MOI
» “Si quis”, si quelqu’un ; “quelqu’un”, et non pas “quelques-uns”,
pour
marquer le petit nombre des élus qui veulent se conformer à
Jésus-Christ crucifié, en portant leur croix. Il est si
petit, si petit, que, si nous le connaissions, nous nous en pâmerions
de douleur. Il est si petit, qu’à peine parmi dix mille y en a-t-il
un, comme il a été révélé à plusieurs
saints, entre autres à saint Siméon Stylite, selon que le
rapporte le saint abbé Nil, après saint Ephrem et quelques
autres. Il est si petit, que, si Dieu voulait les assembler, il leur
crierait, comme il fit autrefois par la bouche d’un prophète : “Congregamini
unus et unus”, assemblez-vous un à un, un de cette province, un
de ce royaume.
autre passage :
« Voilà, mes chers confrères,
voilà deux partis qui se présentent tous les jours : celui
de Jésus-Christ et celui du monde. Celui de notre aimable Sauveur
est à droite, en montant, dans un chemin étroit et rétréci
plus que jamais par la corruption du monde. Ce bon Maître y est en
tête, marchant les pieds nus, la tête couronnée d'épines,
le corps tout ensanglanté et chargé d'une lourde Croix ;
il n'y a qu'une poignée de gens, mais des plus vaillants, à
le suivre, parce qu'on n'entend pas sa voix si délicate au milieu
du tumulte du monde, où on n'a pas le courage de le suivre dans
sa pauvreté, ses douleurs, ses humiliations et ses autres Croix,
qu'il faut nécessairement porter à son service tous les jours
de la vie. A gauche est le parti du monde ou du démon, lequel est
le plus nombreux, le plus magnifique et le plus brillant, du moins en apparence.
Tout le plus beau monde y court, on y fait presse quoique les chemins soient
larges et plus élargis que jamais par la multitude qui y passe comme
des torrents ; ils sont jonchés de fleurs, bordés de plaisirs
et de jeux, couverts d’or et d'argent.
A droite, le petit troupeau qui suit Jésus-Christ
ne parle que de larmes, de pénitences, d'oraisons et de mépris
du monde ; on entend continuellement ces paroles entrecoupées de
sanglots : « Souffrons, pleurons, jeûnons, prions, cachons-nous,
humilions-nous, appauvrissonsnous, mortifions-nous, car celui qui n'a pas
l'esprit de Jésus-Christ, qui est un esprit de Croix, n'est point
à lui : ceux qui sont à Jésus-Christ ont crucifié
leur chair avec leurs concupiscences ; il faut être conforme à
l'image de Jésus-Christ ou être damné. Courage, s'écrient-ils,
courage ; si Dieu est pour nous, en nous et devant nous, qui sera contre
nous? Celui qui est en nous est plus fort que celui qui est dans le monde
; le serviteur n'est pas plus que le maître ; un moment d'une légère
tribulation produit un poids éternel de gloire ; il y a moins d'élus
qu'on ne pense ; il n'y a que des courageux et violents qui ravissent le
ciel de vive force ; personne n'y sera couronné que celui qui aura
combattu légitimement selon l'Evangile, et non pas selon la mode.
Combattons donc avec force, courons bien vite afin que nous atteignions
le but, afin que nous gagnions la couronne. »
Cardinal Bona :
Principia et documenta vitae, christianae.
« Il n'y a pas plus vif stimulant
pour corriger nos moeurs dépravées et conformer notre
vie aux normes de l’Evangile que cette terrible et affreuse sentence :
« Il y a beaucoup d'appelés mais peu d'élus »
à condition d'en pénétrer intimement le sens. Car
personne ne sait s'il est appelé â la vocation de ceux dont
il est écrit : « ceux qu'Il a appelés, Il les a justifiés
; ceux qu'Il a justifiés, Il les a glorifiés, (Rom. VIII,
30.)
Nul ne sait s'il est digne d'amour ou
de haine, mais toutes choses restent incertaines jusque dans le futur.
(Eccl. IX, 1).
Personne ne sait, avant d'être appelé,
s'il persévérera dans sa vocation jusqu'à la fin.
Mais, dans des conditions qui sont si critiques pour le salut, si incertaines
pour la persévérance, tout chrétien doit, dans une
angoisse continuelle se préoccuper avec crainte d'assurer sa vocation
; pour que, vivant dans la foi à laquelle il se consacre par amour,
il manifeste par ses bonnes oeuvres qu'il appartient au groupe exigu et
très heureux de ceux que Dieu, avant la création du monde,
a miséricordieusement élus.
Que le nombre des élus soit exigu,
qu'il soit bien moindre que le nombre des réprouvés, même
si la comparaison se limite à ceux qui professent la foi orthodoxe
en excluant les enfants morts avant l'âge de raison : c'est là,
en vérité, une opinion basée sur le témoignage
infaillible des Ecritures et démontrée par beaucoup d'indices
et de raisons.
Car le Christ en a averti ses disciples
: c'est par de nombreux travaux et à travers d'extrêmes
difficultés qu'il faut entrer sur le chemin du salut auquel
seule une porte étroite donne accès: « Entrez par la
porte étroite... " etc.
Mais de quelle manière le pécheur
peut-il commencer à mener une bonne vie quand il arrive à
sa fin ?
Comment peut-il détester ses péchés,
surtout les gros, et avoir en horreur les délices qu'il a aimés
si intensément au cours de sa vie ?
Comment embrassera-t-il de bon gré
la pénitence qu'il a toujours abhorrée ?
Comment se disposera-t-il à abandonner
ces choses avec une décision efficace si demeure vivant tout ce
à quoi il s’est habitué par une pratique invétérée
?
Comment au milieu des tourments de la
maladie et de la mort, son intelligence pourra-t-elle méditer les
choses surnaturelles, si éloignées des sens, alors qu'il
n'y a jamais pensé (ou si peu de temps) lorsqu'il était en
pleine santé ?
Comment surmontera-t-il, par des actes
contraires, les habitudes de la vie passée, et cela au milieu de
tant de malaises, de tentations et de difficultés ?
Faisons l'expérience : nous aurons
du mal à trouver un homme qui, une fois le péril passé,
se maintienne dans le ferme propos. Tous retournent à leurs habitudes
et oublient instantanément les points sur lesquels ils s'étaient
décidés de faire effort par peur de la mort, grâce
aux exhortations d'amis ou par prudence humaine ; comme presque personne,
quand la fin arrive, ne perd entièrement l'èspérance
de la vie, le démon profite de ce fait pour en tromper et en
perdre beaucoup.
Quand surviennent la débilité
de l'âme due à l'agitation du corps et la perte d'énergie
de toutes les facultés, l’homme conserve à peine son jugement
; à tel point que les paroles des personnes présentes, les
actes de vertu qu'on lui suggère ne sont perçus par lui que
comme le son d'une voix qui n'a pas de sens.
II est absolument certain que l'on peut
espérer le salut de ceux qui, à la fin de leur vie, ont manifesté
des signes de pénitence ; mais on ne peut être assuré
de leur sort. L'exemple du roi Antiochus le rnontre, de manière
frappante.
Sur la fin de sa vie, il pria et s'humilia
sous la puissante main de Dieu ; il promit de dédommager les Juifs
des maux qui leur avaient été infligés et d'orner
le temple ; il promit qu'il garantirait par ses revenus les dépenses
des sacrifices et que, renonçant au racisme, il se considèrerait
comme juif et courrait toute la terre en prêchant la puissance de
Dieu.
Qui pourrait exiger d'un pécheur
des signes de pénitence plus grande et plus certaine ? Et pourtant
cela ne lui mérita pas le pardon, comme le suggère l'Ecriture
quand elle dit : le méchant suppliait Dieu qu'Il lui fît miséricorde
; c'est que certainement sa pénitence, procédant de la crainte
de la mort, n'était pas sincère.
Qui ne tremble en considérant tout
cela ? Qui, parmi tant de difficultés et de périls, osera
donner son salut pour certain ?
Qui ne tremblera, ne sachant s'il est
digne d'amour ou de haine ?
Comme les élus sont peu nombreux
et peut-être beaucoup moins nombreux que nous ne le pensons, séparons-nous
donc de la multitude et vivons en compagnie de quelques hommes de Dieu,
élus et innocents, de façon que chacun, en présentant
après sa vie le témoignage de sa conscience, puisse dire
au Dieu juste au moment du jugement : donnez-moi le don que vous avez promis,
car j'ai fait ce que vous avez ordonné. »
Lesio, s.j. :
De predest., sect. 6, assert. 5, numéro
160.
« Le fait que ce nombre soit si
réduit ne s'explique pas par la prédestination en elle-même
; car n'importe quel nombre plus important est à la mesure du règne
de Dieu. Tous les hommes peuvent être pierres de ce palais et membres
de ce corps, citoyens de cette Jérusalem céleste, invités
à ces noces éternelles ; pour cela ne font défaut
ni une suffisante étendue pour le palais, ni de justes proportions
pour le corps, ni une foule assez nombreuse pour la cité ni le juste
nombre des invités. Mais la raison pour laquelle le futur nombre
(des élus) est si réduit se trouve dans la négligence
et la folie des hommes qui préfèrent prendre la voie large
conduisant à la perdition et jouir des commodités de cette
vie plutôt que prendre la voie étroite qui conduit au salut
; ceux qui sont invités aux noces célestes s'excusent, préférant
les affaires humaines, les avantages et plaisirs temporels comme Notre
Seigneur le montre très nettement dans l'Evangile. »
Vasquez , s.j. :
Principia et Documenta vitae Christianae,
tome III, bib. I, p. 3, cap. 27.
«Les réprouvés sont
plus nombreux que les prédestinés. D'une manière générale,
le nombre des réprouvés et de ceux qui se damnent est plus
grand que celui des prédestinés et de ceux qui se sauvent
; l'Ecriture le montre clairement en Mt. VII, 13 : « elle est étroite
... etc. " et à plusieurs reprises en d'autres passages. Sans doute,
si l'on ne considère que les fidèles, le doute subsiste
au sujet de la proportion de damnés parmi eux : sont-ils le plus
grand ou le plus petit nombre ? Certains croient pieusement que le plus
grand nombre des fidèles se sauvent puisque la majorité d'entre
eux quittent cette vie après avoir reçu les sacrements de
l'Eglise et que nous considérons comme probable le salut de la plupart
de ceux-là. En confirmation de cette opinion peut être citée
la parabole (Mat. XII) dans laquelle, parmi tous les invités aux
noces (qui représentent les fidèles), on n'en trouve qu'un
qui n'est pas ravétu de la robe nuptiale. D'autres pensent que la
majeure partie des fidèles se damnent, opinion que partagent saint
Grégoire, saint Augustin, etc. A l'appui de cette opinion peut être
citée la parabole du semeur (Luc, VIII) : Ia semence est divisée
en quatre parties ; une seule d'entre elles porte du fruit. Qu'une seule
de ces parties fructifie semble indiquer qu'un nombre réduit de
fidèles se sauvera. Sont en faveur de cette opinion Lyrano et la
Glose intercalée en ce passage de saint Matthieu. »
Cardinal Goti :
Théol. Schol. Dogm. Tract. VI De
Deo provisore. Quest. IV De Reprob. Dub. 3 n. XVI.
A la question : « le nombre des réprouvés
est-il plus grand que le nombre des prédestinés ? »,
il répond affirmativement avec son maître saint Thomas ; et
il cite les textes habituels. Il ajoute :
« Combien d'idôlatres, combien
d'impies nous montre l'Ecriture dans le peuple israélite ! Depuis
la venue du Christ, ceux qui s'occupent du Christ constituent une partie
minime de l'humanité ; de telle sorte que, sur les quatre parties
du monde, on n'en trouve pas une seule qui soit intégralement chrétienne.
Parmi les chrétiens, une partie est schismatique ou hérétique.
Parmi les catholiques, si l'on passe en revue leurs divers états
de vie, combien trouve-t-on de méchants ! Qu'ils sont peu nombreux
ceux qui observent entièrement la loi de Dieu, observance sans laquelle
on n'obtient pas la vie éternelle ! C'est pourquoi David parle
ainsi de son temps : (Ps. 14, 3) « Tous ensemble se sont égarés,
ils se sont corrompus, il n'en est pas qui fasse le bien, pas même
un seul. »
Billuart :
De Deo Diss. IX art VII.
« Ceux qui se sauvent sont moins
nombreux que ceux qui se damnent, comme le dit saint Augustin au livre
2 de l'oeuvre incomplète contre Julien, c. 142, où figure
ce verset (Mt. 20, 16) : « Beaucoup sont appelés et peu sont
élus ». C'est évident car les chrétiens
sont moins nombreux que les infidèles. Et parmi les chrétiens,
combien d'hérétiques, étrangers à la communion
de l'Eglise, hors de laquelle il n'y a pas de salut ! C'est un point de
dispute entre théologiens de savoir si vraiment, parmi les catholiques,
le nombre des prédestinés est moindre que celui des réprouvés
; des deux côtés les bases sont incertaines ; nous laisserons
donc de côté comme douteuse la réponse à cette
question. »
Louis Molina , s.j. :
In D. Thom. Part. I q. 23, art. 7.
« Je vois l'efficacité de
la Passion, des mérites du Christ, des Sacrements ; mais je considère
aussi la multitude des péchés et donc le peu de zèle
que mettent les hommes à faire leur salut, la paresse pour ne pas
dire le peu de préparation avec lesquels ils s'approchent des Sacrements
; et je redoute fort que la majeure partie des fidèles soit composée
plutôt de réprouvés que de prédestinés,
surtout si l'on se rappelle qu'un seul péché mortel suffit
pour la mort éternelle. »
Saint Pierre Julien Eymard
:
La Divine Eucharistie : Extraits
des écrits et des sermons du Vénérable P.J. Eymard.
éditions Desclée de Brouwer, p. 276-277.
« Or, comment se fait-il que Dieu,
qui est si bon, puisse condamner à l'enfer éternel une de
ses créatures qu'il a faites dans l'amour, un de ses enfants qu'il
a tant aimés ? Il est pourtant vrai , qu’après la mort, il
est sans miséricorde ! Il y a peu d’élus, a-t-on dit ; des
deux chemins qui conduisent l'un à la vie et l'autre à la
mort, le premier est peu suivi, le second couvert de monde : d'après
ces paroles, la majeure parrtie des hommes serait damnée. Quand
l'Evangile ne le donnerait pas à entendre, ce que nous voyons parlerait
assez fort pour le faire craindre. »
Saint Jean d’Avila :
oeuvres spirituelles, Tome I pages 393-398.
« réveillons-nous, pères,
reveillons-nous sous l'effet de ce coup de tonnerre si puissant :
des prêtres de Dieu vont en enfer
!
Le Seigneur nous supporte et se tait,
attendant que nous fassions pénitence ; que sa miséricorde
nous délivre davantage du risque d'encourir sa colère comme
ce serviteur qui aurait utilisé, pour pécher davantage, le
temps qui lui aurait été accordé pour faire pénitence.
Il saura très exactement, car Il est très sage ; Il pourra,
car il est tout-puissant et ne connaît personne qui Lui résiste
; comme Il est très juste, Il voudra châtier ce serviteur
soit en le laissant mourir sans pénitence véritable bien
qu'il ait, pour la faire, les conditions voulues de temps et de lieu, soit
en le faisant périr subitement alors qu'il parle ou fait autre chose.
Baissons la tête, Pères ;
que nos visages se couvrent de confusion ; qu'une épine de douleur
perce notre coeur ; demandons pardon à Dieu et au monde : à
Dieu pour ne pas L'avoir servi conformément à la situation
très élevée et pleine d'honneur dans laquelle Il nous
a mis ; au monde pour ne pas lui avoir évité de nombreux
maux ni procuré de nombreux biens ; si nous avions été
ce que nous devions être, nous l'aurions délivré du
mal par notre prière et nos sacrifices et lui aurions obtenu beaucoup
de bien pour le corps et l'âme. C'est ainsi, Pères, c'est
ainsi ; si ce point était bien compris, nous n'irions pas perdre
du temps en futilités, nous n'oserions pas prononcer des paroles
oiseuses ni garder les yeux en l'air, nous ne donnerions pas prise à
d'autres soucis, car celui-là nous tiendrait tellement à
coeur que, pour en tenir compte suffisamment, nous lâcherions les
autres choses...
Efforçons-nous de remplir cet office
très digne et très saint avec toute la diligence dont sera
capable notre faiblesse, aidée par la grâce du Seigneur ;
car en user sans aucun respect, - comme le font bien des personnes pour
qui se prépare la damnation éternelle, comme ces gens méprisent
le plus grand ministère, le plus grand office qui soit sur terre
- est une chose ; et c'en est une autre de voir un prêtre qui, s'il
ne passe pas les nuits en prière, consacre au moins à la
prière des parties déterminées de son temps. Ne pas
tenir compte de ce que dit la conscience ou en tenir compte de manière
négligeable est une chose; c'en est une autre d’avoir des moments
fixés pour s'examiner et se juger, de conserver régulièrement
le souci de ne pas offenser mortellement le Seigneur avant de progresser
de bien en mieux, bien qu'en ce domaine on n'obtienne pas ce qu on désire...
»
Saint Ignace de Loyola :
Exercices Spirituels, 2ème semaine,
1ère contemplation :
« Je verrai et je considérerai
les trois personnes de la Sainte Trinité, assises sur le trône
royal de la divine Majesté ; comme elles regardent tout cet univers
et les nations plongées dans un aveuglement profond, et comme elles
voient les hommes mourir et descendre en enfer. »
Saint Louis de Grenade :
Le Guide des pécheurs,
Livre I, troisième partie, ch. 26, p. 309.
« C’est une chose normale et habituelle
que celle dont parle l'Apôtre [saint Paul]
II Cor. XI, 15
:
« la fin des méchants sera
conforme à leurs œuvres » ;
il donne à entendre par là
que
la bonne vie est, d'une manière
générale, suivie d'une bonne mort,
et la mauvaise vie, d'une mauvaise mort.
Que ceux qui firent de bonnes oeuvres
aillent à la vie éternelle
et ceux qui en firent de mauvaises aillent
au feu éternel,
c'est chose habituelle aussi :
les Livres Sacrés répètent cette leçon à
chaque page.
les Psaumes la chantent,
les Prophètes la disent,
les Apôtres l'annoncent,
les Evangiles la prêchent.
Le prophète David la résume
en peu de mots :
"Dieu parla, et je L'entendis dire deux choses ; qu'Il avait puissance
et miséricorde et qu'il donnait ainsi à chacun selon ses
oeuvres."
Tel est le résumé de toute la philosophie chrétienne.
Que le juste comme le méchant reçoivent à la fin de
leur vie ce qu'ils ont mérité selon leurs œuvres,voilà
donc ce que nous disons.
Mais en dehors de cette loi universelle, Dieu peut, pour sa propre gloire, user de grâce spéciale à l'égard de quelques-uns et donner la mort des justes à ceux qui ont mené une vie de pécheurs ; autre éventualité : que vienne à mourir comme pécheur, par un secret jugement de Dieu, celui qui aurait vécu comme juste ; tel le navigateur dont le voyage fut heureux d'un bout à l'autre et que la tempête saisit a l'entrée du port. »
Voici un point que les ministres de la
parole de Dieu devraient considérer, eux qui souvent, faute de bien
voir à qui ils s'adressent, donnent occasion aux méchants
de persévérer dans leurs péchés. Ils devraient
observer ceci : plus on donne de nourriture à des corps malades,
plus on leur nuit ; de même, plus on soutient, par cette espèce
de confiance, les âmes obstinées dans le péché;
plus on leur donne de motifs pour continuer leur vie mauvaise. »
Saint Antoine Marie Claret :
« Je me dis souvent :
il est de foi qu'il y a un ciel pour les
bons et un enfer pour les mauvais ;
il est de foi que les peines de l'enfer
sont éternelles ;
il est de foi qu'il suffit d'un seul péché
mortel pour offenser un Dieu infini.
Me rendant compte que ces principes sont
très sûrs,
voyant la facilité avec laquelle
on pèche - aussi facilement que si l'on buvait un verre d'eau, comme
pour rire ou par diversion -
voyant la multitude qui est continuellement
en état de péché mortel
et va ainsi à la mort et en enfer,
je ne puis rester en repos, je sens que
je dois courir et crier et je me dis :
Si je voyais quelqu'un tomber dans un
puits ou dans un brasier, je courrais certainement et je crierais pour
l'avertir et l'empêcher de tomber ?
Pourquoi n'en ferais-je pas autant pour
empêcher quelqu'un de tomber dans le puits et le brasier de l'enfer
?
Je ne puis comprendre comment les autres
prêtres qui croient aux mêmes vérités que moi
- vérités que tous doivent croire - ne font ni prêches
ni exhortations pour empêcher les gens de tomber en enfer.
Je m'étonne même que les
laïcs, hommes et femmes, qui ont la foi ne crient pas, et je me dis
: si une maison se mettait à brûler de nuit, ses habitants
et les autres habitants du quartier étant endormis et ne voyant
pas le péril, le premier qui s'en apercevrait ne courrait-il pas
dans les rues en criant : au feu ! au feu ! dans telle maison ? Alors,
pourquoi ne pas crier au feu de l'enfer pour réveiller tant de dormeurs
assoupis dans le sommeil du péché et qui, au réveil,
se trouveront dans les ffammes du feu éternel ? » Cf. Autobiographia,
II, 11, 2-3-4.
« Ce qui m'oblige également
à prêcher sans arrêt c'est de voir la multitude d'âmes
qui tombent en enfer, car il est de foi que tous ceux qui meurent en état
de péché mortel se damnent. Hélas ! chaque jour meurent
quatre vingt mille personnes selon des calculs approximatifs ; et combien
mourront en état de péché, combien se damneront ?
Car talis vita, finis ita ! Telle vie, telle mort.
Et quand on voit comment vivent les gens,
quand on les voit en très grand nombre vivre de façon stable
et habituelle en état de péché mortel, on peut dire
qu'il ne se passe pas de jour sans qu'augmente le nombre de leurs fautes.
Il pèchent aussi facilement qu'on boit un verre d'eau, comme par
jeu et pour rire. Ces malheureux vont de leur propre mouvement enfer, selon
ce que dit le prophète Sophonie 1, 17 : ils marcheront comme
des aveugles parce qu'ils ont péché contre le Seigneur
Peut-être me direz-vous que le pécheur
ne pense pas à l'enfer et même n'y croit pas. Situation pire
encore. Vous pensez peut-être que le pécheur cesse, pour ce
motif, de se damner ? Non, certainement pas ; au contraire, c'est là
un signe plus clair de sa damnation d'après l'Evangile : Qui
ne croit pas sera condamné, citation de l’Evangile selon saint
Marc, chapitre 16, verset 16. Et comme le dit Bossuet, cette vérité
est indépendante du fait qu'on y croit ; celui qui ne croit pas
à l'enfer ne manquera pas pour autant d'y aller s'il a le malheur
de mourir en état de péché mortel ; et ceci bien qu'il
ne croie pas à l'enfer et n'y pense pas. » Cf. Autobiographia,
XI, 205-6-10
Saint André Avelin
:
Lettre II, p. 629-630.
« Par la grâce de Dieu, imitons
nos fondateurs qui suivirent le Christ : entrez par la porte étroite
qui conduit à la vie éternelle. Entrons par cette porte et
montrons-la aux autres par notre conduite d'abord, par la parole ensuite...
Oh ! combien de confesseurs et de prédicateurs vont en enfer - vont
chez le démon - pour avoir enseigné la voie large, dans leur
souci de popularité, et pour n'avoir pas fait ce qu'ils prêchaient
! Qui autem fecerit et docuerit hic magnus vocabitur in regno coelorum.
»
Dom Guéranger
:
Année Liturgique. Mardi de Sexagésime,
cette citation ne concerne pas exactement le nombre des élus.
« Sans doute les justes sont maintenant
plus nombreux qu'aux jours de Noë ; oui, des chrétiens fidèles
se rencontrent sur la terre, le nombre des élus se complète
chaque jour ; mais la multitude vit dans la disgrâce de Dieu et mène
une conduite en contradiction avec sa foi.
Saint Jean-Marie Vianney
:
Voici quelques citations
des sermons de saint Jean-Marie Vianney, le saint Curé d'Ars, par
lesquelles, il explique clairement que la majeure partie des chrétiens
se damnent :
Chacun doit entrer où Dieu l'appelle,
et nous pouvons dire que le plus grand nombre
de chrétiens se damnent parce qu'ils ne suivent pas leur vocation,
soit en ne la demandant pas à Dieu ou en se rendant indigne de la
connaître par leur mauvaise vie.
cf. Tome 1, Sermon du 2ème DIMANCHE
APRÈS L'ÉPIPHANIE, sermon sur le Mariage
Mais, me direz-vous, tous ceux qui se confessent,
qui font leurs Pâques et qui communient souvent, ne seront-ils pas
sauvés ? – Assurément, mon ami, ils ne le seront pas tous
; car si le plus grand nombre de ceux qui fréquentent les sacrements
étaient sauvés, il faut bien en convenir, le nombre des élus
ne serait pas aussi petit qu'il le sera. Mais, cependant, reconnaissons-le
; tous ceux qui, auront le grand bonheur d'aller au ciel seront choisis
parmi ceux qui fréquentent les sacrements, et jamais parmi ceux
qui ne font ni Pâques ni confessions. Ah ! me direz-vous, si tous
ceux qui ne font ni Pâques, ni confessions sont damnés,
le nombre des réprouvés sera bien grand ! – Oui, sans doute,
il sera grand. Quoique vous puissiez en dire, si vous vivez en pécheurs,
vous partagerez leur sort. Est-ce que cette pensée ne vous touche
pas ?... Si vous n'êtes endurci au dernier degré, elle doit
vous faire frémir et même désespérer. Hélas
! mon Dieu ! qu'une personne qui a perdu la foi est malheureuse ! Bien
loin de profiter de ces vérités, ces pauvres aveugles, au
contraire, s'en moqueront ; et cependant, malgré tout ce qu'ils
peuvent en dire, cela sera tel que, je le dis : point de Pâques,
ni de confessions, point de ciel, ni de bonheur éternel. O mon Dieu
! que l'aveuglement du pécheur est affreux ! cf. tome 3, Sermon
du 18ème DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE, Sur la
Tiédeur
Ô mon Dieu ! que le nombre de
ceux qui entreront dans le royaume des cieux est petit, puisqu'il y
en a si peu qui font ce qu'ils doivent pour le mériter ? (...)
Hélas ! Mes frères,
que
le nombre de ceux qui sont pour le ciel est petit, puisqu'il n'y a
que ceux qui combattent continuellement et vigoureusement le démon
et leurs penchants, et qui méprisent le monde avec toutes ses railleries
!
cf. Tome 1, Sermon du 2ème DIMANCHE
DE L'AVENT sur le respect humain
un grand nombre se damnent parce qu'ils
se confessent sans changer de vie
Sermon du 13ème DIMANCHE APRÈS
LA PENTECÔTE, Sur l'Absolution :
Il pardonna à saint Pierre,
dont il connaissait le repentir ; mais il abandonna Judas, dont la pénitence
était fausse. Qu'il est malheureux pour un prêtre et pour
un pénitent, si le prêtre lui donne l'absolution, lorsque
le pénitent ne la mérite pas ! si, dans le moment où
le ministre dit au pénitent : Je vous absous, Jésus-Christ
dit : Moi, je le condamne... Hélas ! que le nombre de ceux-là
est grand, puisqu'il y en a si peu qui quittent le péché
après avoir reçu l'absolution, et changent de vie !
que de chrétiens sont damnés pour avoir méprisé leurs anges gardiens ! Quels reproches à l'heure de la mort, lorsque, implorant son secours, il nous dira, ainsi qu'à ce moribond dont il est parlé dans l'histoire : « Va, malheureux, tu n'as eu que du mépris pour moi, aussi le bon Dieu m'a commandé de t'aban-donner à la puissance des démons, dont tu as été le fidèle serviteur. » Hélas ! mon Dieu, que le nombre de ces gens est grand ! cf. tome 4, Sermon du 2 OCTOBRE, en la FÊTE DES SAINTS ANGES GARDIENS
[Damnation de religieux d'après
la Vie de sainte Madeleine de Pazzi, citation fait
par le saint Curé d'Ars] :
Il est rapporté
dans la vie, de sainte Madeleine de Pazzi que Dieu lui fit voir un
grand nombre de religieux qui brûlaient dans un étang de feu,
en lui disant qu'ils avaient mérité ce malheur pour avoir
abusé des récréations que la règle leur accordait.
« O âmes, s'écriait-elle en pleurant amèrement,
vous qui êtes encore sur la terre, tremblez sur le temps que vous
n'employez pas uniquement pour le bon Dieu ! » Le démon disait
à saint Dominique qu'il gagnait. beaucoup dans le lieu où
ses religieux prenaient la récréation, et cependant ces religieux
étaient très austères . Hélas ! si quelques
moments perdus sont si sévèrement punis, que pouvons-nous
dire de ces danses et de ces débauches, où il se commet tant
de crimes, et où tant d'âmes sont livrées au démon
cf. tome 4, SERMON POUR LA FÊTE
DU SAINT PATRON
Beaucoup citent cette
anecdote selon laquelle, le saint curé d'Ars aurait dit à
une veuve dont le mari se serait suicidé, "qu'entre le pont et l'eau,
il y aurait une éternité", sous entendu que, bien qu'il se
jetta du pont en état de péché mortel avec l'intention
de se suicider, durant sa chute, Dieu lui aurait fait la grâce de
regretter son acte et de ce fait d'échapper à la damnation
éternelle.
Cette anecdote est
inventée, on ne la trouve nulle part dans la biographie du saint
curé d'ars, rédigée par Mgr Trochu. En Revanche, on
trouve dans cette biographie très connue (sans doule la vie la plus
connue de saint Jean-Marie Vianney, encore rééditée
de nous jours) les faits suivant : une veuve dont le mari s'était
suicidé d'un coup de rasoir, en se rasant le matin, vient trouver
le curé d'ars pour lui demander si son défunt mari, mort
et enterré depuis plus de vingt ans, est en enfer ou au purgatoire.
Le saint curé d'Ars lui répond qu'il est sauvé. Il
ne nous parait pas extraordinaire qu'une épouse fervente catholique,
avec toute une vie de sainteté et de prières puisse obtenir
le salut de son mari, mauvais chrétien et suicidé. Dieu est
infiniment miséricordieux et dans sa miséricorde, il a permis
à cet homme de se marier avec une épouse sainte mais faire
passer le curé d'Ars comme le tenant de l'opinion selon laquelle
la majorité des chrétiens iraient au Ciel nous semble une
erreur importante, (cf. notamment le père Jean-Marc Bot, Osons
Reparler de l'Enfer, éditions de l'Emmanuel, Paris, 2002, p.142-143
: "le nombre des hommes sauvés est très grands (...) il dépasse
celui des réprouvés (...) C'était aussi l'opinion
du saint curé d'ars".) Il est facile, au vu des citations faites
plus haut, que cette affirmation est parfaitement fausse.
Sermon de saint Jean-Marie Vianney, le saint curé d'Ars, édition Vitte et Perrussel, Lyon, 1883.
Léon XIII sur
l'autorité des Pères de l'Eglise :
Encyclique Providissimus Deus.
De Studiis scrip. Sacr. 18 nov. 1893.
« l’autorité des Saints Pères,
« par lesquels après les apôtres la Sainte Eglise a
grandi par les pasteurs qui l’ont plantée, irriguée, construite
et nourrie (Saint Augustin, Contre Julien, II, 17, 37.) » est
très grande, à chaque fois qu’ils interprètent
tous ensemble et de la même manière quelque passage de la
Bible se rapportant à la doctrine de la foi et des mœurs
: car à partir de leur convergence il apparaît
clairement que leur interprétation a été transmise
selon la foi catholique par les apôtres.
L’opinion de ces mêmes pères en vérité doit
être ainsi grandement estimée alors que les pères s’acquittent
de cette fonction d’enseignement de la foi à propos de ces choses
de manière presque privée : puisque ceux que recommandent
fortement non seulement leur science de la doctrine révélée
mais aussi leur connaissance d’une multitude de choses qui sont utiles
à la connaissance des livres apostoliques, Dieu lui même en
vérité a aidé ces hommes illustres par la sainteté
de leur vie et leurs efforts vers la vérité des secours très
grands de sa lumière.
C’est pourquoi l’interprète
sait qu’il lui appartient de poursuivre jusqu’à leurs traces avec
un très grand respect et de profiter de leurs travaux par un choix
intelligent.»
Comme cela apparaîtra de manière
surabondante au lecteur attentif, un sorte de concile des anciens pères
de l’église s’est constitué dans lequel c’est par un consensus
unanime que l’on décide : qu’il y a un plus grand nombre dans le
genre humain qui est condamné aux supplices éternels que
d’hommes qui obtiennent le salut éternel ; -chose terrible à
dire, mais utile à savoir, afin que personne ne s’égare et
que cette chose puisse aussi être d’une très grande consolation
au petit nombre de ceux qui luttent pour vivre avec peu de biens ; c’est
une marque de prédestination insigne de conformer sa vie à
une vie comportant peu de biens.
Docteurs de l'église catholique
Pères de l'église catholique
§ 2 les Pères de l’église p.79
Commence une série de témoignages des saints pères de l’église. C’est pourquoi il est utile au départ de rappeler ce que le saint père Léon XIII de très sainte mémoire a affirmé récemment au sujet de l’autorité des pères de l’église :
« l’autorité des saints pères, « par lesquels après les apôtres la Sainte Eglise a grandi par les pasteurs qui l’ont plantée, irriguée, construite et nourrie (Saint Augustin, Contre Julien, II, 17, 37.) » est très grande, à chaque fois [dans la mesure où] qu’ils expliquent [ développent, exposent, interprètent] tous ensemble et de la même manière quelque témoignage biblique [passage de la Bible] se rapportant à la doctrine de la foi et des mœurs : car à partir de leur convergence [de leur accord] il apparaît clairement qu’ainsi cela a été transmis selon la foi catholique par les apôtres.
L’opinion de ces mêmes pères
en vérité doit être ainsi grandement estimée
alors que les pères s’acquittent de cette fonction d’enseignement
de la foi à propos de ces choses de manière presque privée
: puisque ceux que recommandent fortement non seulement leur science de
la doctrine révélée mais aussi leur connaissance d’une
multitude de choses qui sont utiles à la connaissance des livres
apostoliques, Dieu lui même en vérité a aidé
ces hommes illustres par la sainteté de leur vie et leurs efforts
vers la vérité des secours très grands de sa lumière.
C’est pourquoi l’interprète sait
qu’il lui appartient de poursuivre jusqu’à leurs traces avec un
très grand respect et de profiter de leurs travaux par un choix
intelligent. » ( Encyclique Providissimus Deus. De Studiis scrip.
Sacr. 18 nov. 1893).
Comme cela apparaîtra de manière
surabondante au lecteur attentif, un sorte de concile des anciens pères
de l’église s’est constitué dans lequel c’est par un consensus
unanime que l’on décide : qu’il y a un plus grand nombre dans le
genre humain qui est condamné aux supplices éternels que
d’hommes qui obtiennent le salut éternel ; chose terrible à
dire, mais utile à savoir, afin que personne ne s’égare et
que cette chose puisse aussi être d’une très grande consolation
au petit nombre de ceux qui luttent pour vivre avec peu de biens ; c’est
une marque de prédestination insigne de conformer sa vie à
une vie comportant peu de biens.
Qu’il soit permis parfois pour avertir
les prêtres et les séminaristes de conclure ainsi par les
paroles d’une lettre synodale des évêques de Gaule et de Germanie
aux évêques d’Espagne :
« Maintenez vous à l’intérieur
des bornes des saints pères et n’agitez pas de nouvelles questions
mineures, elles ne servent à rien, si ce n’est à bouleverser
les auditeurs. Qu’il vous suffise de suivre les traces des saints pères
et de vous en tenir avec une foi ferme à leurs paroles. Ceux-ci
furent dans le Seigneur nos docteurs dans la foi et nos guides vers la
vie. » (Harduin. Tome IV. Coll. 895. Ed. Paris)
Saint Bernard D.E. (+ 1153)
Celui-ci suppose que cette opinion commune et très connue dans son troisième sermon de la vigile de la Nativité du Seigneur : « Quel fidèle, qui n’est chrétien que de nom, ignore que le Seigneur viendra, qu’il va venir juger les vivants et les morts et rendre à chacun selon ses œuvres ? [ Même ceux qui ne sont fidèles que de nom le savent] Cette connaissance n’est pas partagée par tous, mes frères, mais elle est partagée par un petit nombre : un petit nombre en effet, -parce qu’en vérité il y en peu qui se sauvent. »
Honorius Augustodunus (+1152)
Evêque de Reicherspens
« Tous dans le désert sont accablés et deux seulement sont entrés avec la multitude des fils d’Israël…Ceux qui sont accablés dans le désert sont la multitude de ceux qui étant appelés n’ont pas voulus venir ; les deux qui sont entrés sont actifs et contemplatifs, qui animés d’un amour égal entreront dans le repos du Seigneur. »
Rupert xxxxx (+1135)
« Il y en a beaucoup qui sont appelés et peu qui sont élus, c’est à dire beaucoup sont dans l’église présente, donnant leurs noms, sont inscrits dans le livre de la confession de la foi, mais peu, cela est fortement à craindre, vont échapper au déluge du Jugement. »
Cardinal (+1132)
« Après Sa résurrection seuls les bons qui sont peu nombreux virent le Christ peu de temps. De la même manière seuls les bons auront la gloire de la résurrection future…Et ils seront peu nombreux en comparaison du nombre des mauvais. Car, comme Il le dit lui même dans l’Evangile : « beaucoup sont appelés, mais peu sont élus. »
25 Vene (+1130)
Ce pieux archevêque dans son sermon
pendant la septuagésime commente ainsi les paroles célèbres
de saint Paul : « Ne savez-vous pas que tous ceux qui courent dans
le stade concourent, mais un seul reçoit la récompense ;
ainsi concourez afin de remporter la palme. »-« En effet la
disposition du stade qui a été mesuré pour ceux qui
concourent signifie le terme de la vie présente qui nous a
été donnée pour la course de notre salut comme le
Seigneur nous le dit et nous en avertit : « Cours, malheureux, hâte
toi, pendant que tu en as le temps, afin que tu ne périsses pas
dans la mort…
« Parce que dans la grande multitude
d’athlètes qui concourent, un seul obtient la récompense,
pour les autres qui ont concouru en vain, en ce qui nous concerne, frères
très chers, il est fort à craindre que nous ne soyons tous
dépassés par un seul alors que nous nous sommes disposés
à courir pour la couronne. D’où l’Apôtre nous avertit
: « Ainsi concourez afin de remporter la palme. »
26 (+1126)
Werner qui par une érudition absolument excellente a brillé par l’intégrité de sa vie au XIIème siècle : « Beaucoup sont appelés, etc. « -« Ceci dit-il ne concerne pas les saints supérieurs, mais le peuple, parce que nombreux sont ceux qui vont à la foi, nombreux sont ceux qui remplissent l’église, mais peu sont ceux qui parviennent au Royaume…Parce que beaucoup tant parmi les derniers que les premiers sont réprouvés, on est soumis à la terrible sentence : « Beaucoup sont appelés » à la foi, « peu sont élus « au Royaume ». Werner dispose ces affirmations dans son livre 1 Du butinage du miel des oeuvres des différents pères et de la doctrine des autres docteurs orthodoxes ; dans ce livre on entend l’intégralité de la vénérable tradition des douze premiers siècles.
27 Saint Bruno
L’abbé et évêque du
Mont Cassin dit les choses suivantes dans son commentaire sur saint Matthieu
P.2 C.7 : « si quelqu’un dit : cette route est étroite, ces
commandements sont d’observation très difficiles, il le soumet en
disant : « efforcez vous d’entrer… » et la voie, dit-il, est
resserrée et la porte étroite ; c’est pourquoi elle est trouvée
par un petit nombre d’hommes : cependant c’est cette voie et cette porte
par laquelle on parvient à la vie éternelle. « peu
sont ceux qui se sauvent, en comparaison de ceux qui se damnent. »D’où
le Seigneur dit ailleurs : « Beaucoup sont appelés, peu sont
élus ». Ce chemin et cette porte qui conduisent à la
perdition est très ouvert et très large et pour cela beaucoup
d’hommes s’y engagent.
« Jeûner, veiller, s’abstenir
des désirs de la chair et de toutes les voluptés, ne pas
accomplir sa propre volonté, à qui cela ne semble t
il pas étroit et resserré ?
« Et vraiment, manger et boire en
abondance, et de manière raffinée, obéir à
tous les désirs de la chair et à toutes les voluptés
ne s’opposer en rien à sa propre volonté, à
qui cela ne semble t il pas large et grand ?
« Beaucoup marchent sur ce chemin,
beaucoup entrent par cette porte. Mais où pénètrent-ils
? – Dans la cité de la perdition complète, la société
de la mort, la prison des angoisses et le lac de toutes les misères.
»
Et au sujet de Matthieu chapitre
XX : « ce qui suit : « beaucoup sont appelés, peu sont
élus, »- il montre qu’il y en a très peu qui se sauvent,
en comparaison de ceux qui à chaque heure sont appelés. »
Egalement à propos de Matthieu
XXII : « Beaucoup sont appelés, peu sont élus : »-
dit il « Beaucoup sont appelés aux noces, peu sont introduits
dans la chambre nuptiale et dans la gloire. »
Dans le premier livre des sentences, chapitre
II, de l’arche de Noé : « cet arche est la Sainte Eglise en
dehors de laquelle personne n’est sauvé ; celui qui y aura été
trouvé au jour de la vengeance ne périra pas. Maintenant
il semble qu’il y en ait beaucoup qui se trouveront alors en dehors d’elle…Les
méchants sont beaucoup plus nombreux que les bons ; ils sont plus
nombreux ceux qui recherchent les biens terrestres que ceux qui recherchent
les biens célestes. Etroit est le chemin qui conduit à la
vie ; large est celui qui conduit à la perdition. »
28 (+1122)
Dans son chapitre 42, du salaire des ouvriers
de la vigne, il applique la parabole à l’humanité entière
et ne la restreint pas aux juifs et aux chrétiens. Et finalement,
il s’exprime ainsi : « beaucoup sont appelés à la foi,
peu acquiescent. »
Ici il s’agit de la foi vivante qui s’accompagne
de l’observation des commandements jusqu’à la fin et du respect
de la robe nuptiale c’est à dire baptismale jusqu’au jour du jugement.
« Faisons attention dit il
et redoutons, qu’après l’absolution du divin baptême ayant
perdu la vie de la grâce, nous ne souillions notre âme ce qui
non seulement nous fera exclure des noces, mais aussi être précipité
dans un supplice épouvantable. Nous devons prendre soin de notre
robe intérieure et non de notre robe extérieure. Beaucoup
sont en effet appelés, peu sont élus. Le Christ a dit aussi
cela à la fin de la parabole du salaire des ouvriers de la vigne.
»
29 Saint Anselme de Canterbury (+1109), docteur de l'église
Dans sa lettre à Odon et Lanzon
:
« Nous pouvons tous être certains
que parmi les nombreux appelés il y en a peu qui sont élus,
puisque c’est la Vérité elle même qui a parlé.
Mais nous sommes tous dans l’incertitude
du nombre exact des élus, puisque la Vérité
s’est tue.
C’est pourquoi quiconque ne vit pas encore
comme le petit nombre ou ne corrige pas sa vie, qu’il se place tout
de suite lui même parmi le petit nombre des élus ou qu’il
craigne avec certitude sa réprobation.
Celui qui s’estime faire déjà
partie du petit nombre des élus, qu’il ne soit pas assuré
à 100% de la sécurité de son élection. Puisque,
comme nul d’entre nous ne sait à quelle petitesse se réduit
le nombre des élus, personne ne sait parfaitement s’il en fait déjà
partie, il est déjà permis d’être semblable au petit
nombre, parmi les nombreux appelés. »
Cette idée fut tellement familière
au saint docteur qu’il la répète souvent, fermement et dans
les mêmes termes. Ainsi à quelques moines : [latin Monachos
Beccenses]
« Nous pouvons tous être certains
que parmi les nombreux appelés il y en a peu qui sont élus,
puisque c’est la Vérité elle même qui a parlé…
», etc.
Et à sa consœur en religion, Ida : « Amie très chère en Dieu ! Le Seigneur dit : « beaucoup sont appelés, peu sont élus. » Ne soit donc jamais certaine de devoir être comptée parmi les élus tant que tu vivras, bien qu’ il y en ait peu à qui une vie comme la tienne puisse être comparée
Origène, père
de l'église : « Maintenant que nous nous sommes multipliés,
comme il est difficile que beaucoup soient vraiment bons et impossible
que la parole de Jésus -beaucoup d'appelés et peu d'élus
ne se vérifie pas ! De tant de personnes qui professent la foi chrétienne,
on en trouve peu qui aient une foi véritable, et qui soient dignes
de la béatitude. »
Hom. IV. in Jer.
Origène (+294)
Dans son commentaire sur saint Matthieu,
Les invités aux noces : «parce
que plusieurs [de nombreux] sont invités, absolument aucun n’est
trouvé digne (c’est à dire au banquet céleste), il
ajoute ceci à la parabole : « beaucoup en effet sont appelés.
» - et à cause de ceux qui, entrés à la salle
des noces, comme leur nombre est petit ce sont allongés pour manger,
il dit cela : « peu en vérité sont élus. »
« Parce que si quelqu’un considère
les assemblées nombreuses dans les églises et combien
mènent une vie et droite et pieuse et se sont convertis à
la nouvelle loi et à l’inverse combien vivent mollement et vivent
comme la plupart des gens [se conforment à ce siècle]
, alors seulement il verra l’utilité de cette parole prononcée
par le Sauveur : « Beaucoup en effet sont appelés, mais peu
sont élus.»
« Ailleurs il a été
dit : « Beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas
; » et : « efforcez-vous de rentrer par la porte étroite,
parce qu’il y en a peu qui la trouveront. »
Et la IVème homélie
sur Jérémie : « En prenant le critère de
la foi et de la vérité, nous considérons, non la multitude
mais la volonté des hommes. Nous ne voyons pas l’assemblée
elle-même mais nous découvrons qu’il est difficile de trouver
la véritable foi dans une telle masse de gens dans les églises.
Alors il y avait vraiment des fidèles quand les martyrs étaient
frappés à mort, qu’ils subissaient une mort cruelle, les
repentants revenaient à l’église ; il y avait la multitude
des gens qui se lamentaient quand les catéchumènes qui venaient
de recevoir la foi étaient conduits immédiatement au martyre
pour être frappés à mort : quand les femmelettes et
le sexe faible demeuraient intrépides jusqu’à la mort.
Alors en vérité se produisaient
des signes dans les cieux, et des prodiges sur la terre, alors les chrétiens
étaient peu nombreux mais ils étaient vraiment fidèles,
lorsqu’ils passaient par la porte étroite et resserrée qui
conduit à la vie. Maintenant que nous sommes devenus plus
nombreux, comme il est difficile que beaucoup soient vraiment bons et
Jésus ne ment pas en disant : Beaucoup sont appelés, peu
sont élus. De tant de personnes qui professent la foi chrétienne,
on en trouve peu qui aient la foi véritable, et qui soient dignes
de la béatitude. »
Cornelius a Lapide , s.j.
:
Commentaria in Scripturam Sacram , Paris,
éd. Vivès, commentaire de l'épître de saint
Jacques, chap. II, I a.
« Certains soutiennent, d'après
Bède, l'opinion suivante : ceux qui sont sauvés par la miséricorde
de Dieu, sans doute faut-il entendre par là ceux qui ont fait miséricorde,
sont plus nombreux que ceux qui sont condamnés par son jugement;
les élus sont plus nombreux que les réprouvés.
Ceci est vrai pour les anges : ceux qui
restèrent fidèles sont en effet plus nombreux que ceux qui
tombèrent.
Pour les hommes, c'est faux. Il est certain en effet que la partie de beaucoup la plus nombreuse des hommes se damne, si l'on compte tous les hommes absolument, y compris les païens, les musulmans et les hérétiques.
La raison et l'autorité semblent indiquer que, parmi les chrétiens adultes, le nombre des damnés est plus grand que celui des élus.
La raison, car la partie de beaucoup la plus grande des chrétiens vit en état de péché mortel: suivant la règle de saint Augustin, on meurt comme on a vécu ; de sorte qu’il est rare que celui qui vit mal meure bien, et inversement. On dira que tous reçoivent les Sacrements à la fin de leur vie.
Je réponds : pas tous, car beaucoup
meurent sans sacrements dans les combats, sur les navires, dans les montagnes,
dans la campagne, etc.
Même parmi ceux qui les reçoivent,
beaucoup les reçoivent mal et n'expient donc pas leurs péchés
: beaucoup en effet souffrent d'une ignorance crasse en ce qui concerne
les articles de foi qu'il faut connaître et auxquels il faut croire
explicitement, ainsi qu'en ce qui concerne les Sacrements ;
ils ignorent en particulier qu'il faut
le ferme propos de ne plus pécher pour être capable de recevoir
l'absolution ;
ils ignorent qu'une résolution
forte et constante de l'âme est requise pour que le ferme propos
soit considéré comme absolu et efficace.
D'autres savent ce qui est nécessaire pour le salut, mais ils vivent sans se soucier de leur salut personnel, entièrement occupés à amasser richesses et dignités, à construire des maisons, à aménager des jardins, des vignes, etc. de sorte qu'ils ne pensent que rarement ou jamais à Dieu, à la vie éternelle, à leur conscience, sauf au moment de Pâques ; encore ne le font-ils alors que pour cette seule raison qu'ils sont obligés par un précepte de l'Eglise à se confesser et à communier ; une fois Pâques passé, ils retournent aussitôt à leurs préoccupations terrestres, s'y plongent et s'y enfouissent.
Les uns ont la conscience liée par l'usure, la simonie, les biens injustement acquis et qu'ils ne veulent pas restituer. D'autres ont des concubines ou sont impliqués dans des amours obscènes dont ils ne peuvent se débarrasser parce qu'ils ne le veulent pas sérieusement.
D'autres entretiennent des procès, des rixes, des haines immortelles.
Beaucoup savent que le ferme propos est requis pour l'absolution ; et pourtant ils ne se préoccupent pas de l'acquérir ni de s'y maintenir ; mais ils font semblant de l'avoir et se persuadent même faussement à eux-mêmes qu'ils l'ont. Car ce ferme propos est chose ardue, grande et difficile : beaucoup cependant ne veulent pas s'y attacher avec énergie ; ils ne veulent pas consacrer toutes leurs forces à une chose si ardue, surtout au moment de la maladie et à l'article de la mort, alors que la raison,le jugement, les sens et les forces de l'homme sont affaiblis et endormis : en conséquence, par l'habitude acquise au cours de tant d'années, ils forment leur résolution au moment de la mort comme ils avaient l'habitude de la former à Pâques, c'est-à-dire de manière superficielle, verbale et inefficace.
Voilà bien le juste châtiment
du pécheur : parce qu'il a vécu dans l'oubli de Dieu, il
mourra dans l'oubli de son propre salut, comme le soulignent saint Grégoire
et saint Augustin (au livre 3 du traité du Libre Arbitre).
Celui qui n a pas voulu corriger sa conduite
quand il en avait la possibilité sera puni par son péché
même : il ne pourra plus s’amender lorsque lui en viendra l'intention
tardive.
Bien des signes confirment que nombre de pécheurs n'arrivent plus à concevoir un ferme propos.
1 ° On redresse sa conduite une fois l'an, à l'occasion de Pâques, et on se confesse parce qu'on s'y sent comme contraint par les monitions du prêtre : ce bon mouvement est presque arraché par le sentiment d'une obligation au lieu d'être libre et spontané comme le devrait être le ferme propos nécessaire. Aussi, passées la communion Pascale et la confession, retourne-t-on bientôt à ses passions, à ses habitudes perverses, à ses péchés, comme le font aussi beaucoup de ceux qui se sont confessés à l'article de la mort et qui, le danger écarté, retombent dans toutes leurs misères. Ce retour au mal montre bien qu'on ne s'était converti que par obligation ou par peur de la mort, mais qu'il n'y avait réellement rien de sérieux ni de profond.
2° Combien vivent dans l'ivresse, la fornication sous toutes ses formes, les disputes, le parjure, les médisances, sans vouloir rien abandonner de ces coupables habitudes : ou s'ils en ont l'intention, ils ne prennent aucun des rnoyens nécessaires pour arracher des vices enracinés. Par-dessus tout, l'orgueil et la luxure dominent les hommes sous leur pouvoir, et plus que tout autre vice, ces deux-là remplissent l'enfer.
3° Beaucoup de gens tiennent à
des conventions spécieuses, à de faux principes directement
contraires aux exigences d'une vraie conversion ; ils y ont été
nourris dès l'enfance, ont grandi et continuent de vivre dans des
sophismes tels que : l'injustice qui vous est faite, à vous-même
ou aux vôtres, exige une égale vengeance ; honte et mépris
à celui qui y manque. Ou encore : provoqué, on ne refuse
pas un duel sans forfaire à l'honneur. Ou : entre convives, videz
votre verre avec tous ceux qui trinquent à votre santé, et
cela jusqu'à l'ivresse s'il le faut. Votre situation passe avant
tout, et l'établissement de vos enfants, dit-on : pour acquérir
ou pour développer une situation, gagner un grade, tout est permis,
et si un commandement de Dieu ou de l'Eglise vous gêne, passez outre.
Défendre sa vie et sa fortune est un devoir premier, même
au mépris des lois divines.
On ne tolère pas une injure, une
calomnie, un soufflet sans rendre la pareille, etc.
Que de gens, quand l'occasion s'en présente,
ne se décident que sur la base de ces idées reçues
qu'ils professent, qu'ils cherchent à justifier et auxquelles ils
ne renonceraient pour rien au monde.
Même au tribunal de la pénitence, si le confesseur les interroge
sur ces points précis, ils déclarent hautement qu'ils ne
peuvent violer ces conventions. S'agit-il de respect humain, de situation
ou de confort, il n'y a plus ni Dieu ni Diable !
Erigés en usages intangibles, et même en vertus, ces sophismes
s'opposent diamétralement au ferme propos d'éviter le péché
et de placer avant tout l'obéissance à Dieu.
Or, trop de prédicateurs négligent ces matières qu'il faudrait pourtant enseigner, expliquer, inculquer profondément. Ils leur préfèrent de banales explications d'Evangile dont ils ne tirent à l'adresse des pécheurs endurcis que des propos émouvants sur les souffrances du Christ, sur la miséricorde de Dieu, sur les mérites de la Charité envers les pauvres, parfois sur la Bienheureuse Vierge Marie qui ne cesse d’intercéder pour ceux qui la prient. Ils ne descendent pas â ces péchés concrets, à ces points précis contre lesquels il faudrait tonner, fulminer jusqu'à en extirper toute racine perverse.
Voilà pourquoi des cités et des peuples entiers restent englués dans ces habitudes, dans ces maximes du monde, dans ces sophismes et finalement dans ces péchés, et voilà aussi pourquoi aucun prédicateur - ou si peu - ne remporte des fruits de conversion.
Etes-vous dévoré de zèle pour la gloire de Dieu, le progrès des âmes, le bien de l'Eglise et le salut de ceux qui vous entendent ? Alors changez votre mode de prêcher, frappez vigoureusement les consciences afin d'en arracher jusqu'aux sources et aux principes du mal qui y répand ses ravages.
4° Pour certains, le repentir devant
la mort est sincère ; ils se confessent dans de bonnes dispositions,
mais souvent leur maladie se prolonge encore quelques jours. Alors ils
sont assiégés des souvenirs de leurs anciennes passions,
de tout ce qui, si longtemps, avait occupé leur esprit ; bientôt
ils tendent à accepter ces souvenirs, ils cèdent à
la mauvaise pensée, dans la délectation morose, le regret
de leurs habitudes passées. Le démon ne manque pas de représenter
ces souvenirs à l'imagination, d'en raviver les images, de tenter
le moribond avec la derrnière violence en cet ultime combat du corps
qui tente de retenir 1’âme qui s’échappe.
C'est en juste châtiment de leurs
fautes et de leur négligence que Dieu donne à Satan la permission
de tourmenter ceux qui, dans la force de la santé, n'ont pas eu
garde de mortifier leurs passions et leur ont, au contraire, laissé
la bride sur le cou. Combien succombent alors et vont à leur perte
éternelle : les tristes exemples en abondent.
5° Pratiquer la vertu, poursuivre son salut et gagner le ciel sont choses si élevées et si difficiles à la fois qu'elles surpassent toutes puissances naturelles. La nature humaine, corrompue par le péché, inclinée aux choses terrestres est tellement enchaînée par les affections du monde, par le souci des occupations, des hommes, de son bien-être ou de ses plaisirs que, même en y ordonnant parfaitement toutes ses énergies, à peine pourrait-elle saisir quelque infime reflet des choses célestes, et moins encore s'y reposer.
Sans doute la grâce de Dieu précède-t-elle l'intention de l'homme ; elle habite même l'homme en état de péché, soutient celui qui est faible et aide celui qui est tombé à se relever : mais elle ne peut l'empêcher de retomber ; mais, dans cette corruption générale des puissances naturelles, au milieu de tant d'occasions de péché, parmi les tentations de la chair, du monde et du Démon, il n'est que trop facile de retomber bientôt dans quelques péché mortel, et alors la contrition et le ferme propos qui permettraient d'en sortir sont bien difficiles à provoquer de nouveau.
Pourquoi ? Pour deux raisons qui sont comme les deux pôles autour desquels tourne toute la question et qui sont le très grand nombre de ceux qui se damnent et le petit nombre de ceux qui se sauvent.
Telle était la pensée de
saint
Justin (apud Damascenum, Lib. II Paralip, cap. LXXXVII) :
« L'esprit qui s'est attaché
aux choses terrestres ne s'en dégagera qu'avec peine ;
il sera très difficile de l'arracher
à ce à quoi il s'était habitué. »
La gravité de ces vérités et l'expérience qu'ils en ont acquise ont conduit plus d'un homme avisé à réformer, toute pensée contraire : ainsi le bienheureux Justinien qui pensait d'abord que la plupart des chrétiens seraient sauvés, corrigea cette proposition pour écrire au contraire que le plus grand nombre allait à sa perte.
Etant à Rome, j'ai rencontré la même opinion de divers côtés, notamment d'un maître prédicateur, autrefois célèbre, qui préchait partout que les confessions des moribonds qui avaient vécu dans le péché étaient ordinairement plus mauvaises encore que celles qu'ils avaient pu faire dans leur vie passée.
Enfin pourquoi ne pas citer saint Augustin (Serm. 57, De Tempore) : « Il ne vous servira de rien, dit-il, dans les derniers moments de votre vie, de demander pénitence quand vous n'aurez plus ni le temps ni la force de faire pénitence. En vain, mes chers enfants, resteriez-vous dans une telle illusion ". Et plus loin : « Le repenlir d'un malade est faible comme celui qui l'exprime ; et le repentir d'un moribond, comme je crains qu'il n'ait déjà perdu toute vie ! Mes chers enfants, celui d'entre vous qui veut trouver miséricorde devant Dieu, qu'il fasse pénitence dès maintenant, dans la force de l'âge, afin d’entrer aussi sain dans l'éternité ! "
Le même père avertit ailleurs
(Hom. 41 Inter 50) : " parce que vous vous êtes confessé,
parce que vous avez reçu l'absolution, vous croyez pouvoir mourir
en sécurité : et moi, je vous dis que je suis beaucoup moins
sûr que vous de votre avenir !.. " Et d'expliquer :
"Vous n'avez songé à vous
repentir que lorsque vous ne pouviez plus pécher : c'est donc le
péché qui vous délaisse, ce n'est pas vous qui l'avez
rejeté. Tenez la chose certaine : votre salut reste incertain !
"
Enfin dans son 24ème sermon
sur les paroles du Seigneur selon saint Luc : « Conservez l'innocence
tout au long de votre vie si vous ne voulez pas risquer de mourir dans
le péché ! »
Tout cela me conduit à une certitude.
Dans les endroits, dans les villes, les nations où l'éducation
du peuple est saine, où les habitudes sont honnêtes, là
où les efforts des maîtres, ceux des évêques
et des curés, ceux des confesseurs se conjuguent avec ceux des magistrats
et des gouvernants pour susciter dès le premier âge les vertus
de foi et de piété, pour les développer, pour les
enflammer de zèle, là, sans doute, j'estime que le plus grand
nombre sera sauvé. Mais ailleurs, partout où ces heureuses
conditions ne sont pas réunies, où dominent l'ignorance et
l'insouciance des choses du salut, là où les dispositions
au mal sont entretenues ou développées par l'éducation
ou le climat social que là il y ait plus de damnés que d'élus
je le pense et je crains fort de ne pas me tromper. »
Suarez, s.j.
Tract. de div. predest. et reprob. Lib.
VI, cap. 3, Sitne major numerus predestinatorum aut reproborum.
« On peut établir de
nombreuses comparaisons.
La première entre les anges.
Sur ce point, les théologiens,
avec saint Thomas (2-9-63, art. 9, ad. 1), affirment communément
que le plus grand nombre des anges s’est sauvé.
Une seconde comparaison peut être
établie entre les hommes en les comprenant tous, absolument, depuis
le début jusqu'à la fin du monde.
L'opinion commune et véridique
est que le nombre des réprouvés est; dans ce cas, plus grand
que celui des élus. Chose qui se démontre par ce passage
de saint Matthieu (VII, 14) : elle est étroite la porte et resserrée
la voie qui mène à la vie, et i1 en est peu qui la trouvent.
C'est pour cette raison que les élus sont habituellement désignés
comme le petit nombre.
Si la comparaison se fait entre les Chrétiens et si nous entendons par là tous ceux qui se glorifient du nom du Christ, y compris les hérétiques, les apostats et les schismatiques, il me paraît probable dans ce cas que le plus grand nombre est celui des damnés.
Si par Chrétiens nous entendons
ceux-là seulement qui font partie de l'Eglise Catholique, il me
paraît plus vrai de dire que la plus grande partie se sauve dans
la loi de Grâce. En effet, parmi ceux-là, ceux qui meurent
avant l'âge de raison ont pour la plupart reçu le baptême
; quant aux adultes, la plupart d'entre eux pèchent souvent mortellement,
mais ils se relèvent fréquemment et passent leur vie à
chuter et à se relever. En définitive, il en est peu qui,
à la fin de leur vie, ne reçoivent les sacrements et ne se
repentent de leurs péchés, au moins avec une douleur d'attrition.
Cela suffit alors pour se justifier. Et, une fois justifiés, il
leur est facile de persévérer sans pécher mortellement
pendant le peu de temps (qui les sépare de la mort). Ainsi, en tenant
compte de toutes les circonstances, on peut affirmer avec beaucoup de vraisemblance
que beaucoup de ces chrétiens se sauvent. »
Sainte Catherine de Sienne
Votre miséricorde luit même
dans les ténèbres de l’enfer
Les Dialogues, chapitre 30 :
(...) O Miséricorde, qui venez du Père, et qui gouvernez par votre puissance l’univers tout entier ! O Dieu, c’est votre miséricorde qui nous a créés, qui nous a régénérés dans le sang de votre Fils ; c’est votre miséricorde qui nous conserve ; votre miséricorde a fait lutter votre Fils sur le bois de la croix. Oui, la mort a lutté contre la vie, la vie contre la mort. La vie a vaincu la mort du péché, et la mort du péché a ravi la vie corporelle de l’innocent Agneau. Qui est resté vaincu? la mort. Et quelle en fut la cause? votre miséricorde.
3.- Votre miséricorde donne la vie ; elle donne la lumière qui fait connaître votre clémence en toute créature, dans les justes et dans les pécheurs. Votre miséricorde brille au plus haut des cieux, dans vos saints ; et si je regarde sur la terre, votre miséricorde y abonde. Votre miséricorde luit même dans les ténèbres de l’enfer, car vous ne donnez pas aux damnés tous les tourments qu’ils méritent.
4.- Votre miséricorde adoucit votre
justice ; par miséricorde, vous nous avez purifiés dans le
sang de votre Fils ; par miséricorde, vous avez voulu habiter avec
vos créatures à force d’amour. Ce n’était pas assez
de vous incarner, vous avez voulu mourir ; ce n’était pas assez
de mourir, vous avez voulu descendre aux enfers et délivrer les
saints, pour accomplir en eux votre vérité et votre miséricorde.
Votre bonté a promis de récompenser ceux qui vous servaient
fidèlement, et vous êtes descendu aux limbes pour tirer de
peine (48) ceux qui vous avaient servi, et leur rendre le fruit de leurs
travaux. (...)
***********
R. P. Réginald Garrigou-Lagrange,
o.p., (1877-1964)
L'éternelle Vie
p.28
Nous ne pouvons pas ne pas vouloir le
bonheur, ne pas vouloir être heureux, mais nous oublions souvent
que le vrai et parfait bonheur ne se trouve qu'en Dieu aimé par
dessus tout
et ici-bas nous l'aimons librement parce
que nous ne le voyons pas immédiatement tel qu'il est et nous pouvons
nous détourner de lui en considérant qu'il nous commande
ce qui déplait à notre orgueil et à notre sensualité."
Dieu vu comblerait immédiatement
notre capacité affective qui serait irresistiblement attirée
par lui.
Sur cette terre nous voulons tout en vue
d'être heureux.
p.29
L'acte libre est une réponse gratuite,
partie des profondeurs de la volonté, à la sollicitation
impuissante d'un bien infini.
p.71 La grâce de la bonne mort
p.72 Nul ne peut savoir sans une révélation
spéciale s'il persévèrera, aussi devons-nous faire
notre salut avec crainte et tremblement; cf. saint Augustin, Le Don
de la Persévérance, chap. 13, 14-17
Ce don de la persévérance
ne nous est pas accordé selon nos mérites
mais selon la volonté très
secrête, très sage et bienfaisante de Dieu,
à qui seul il appartient d'imposer
quand il lui plait, un terme à notre vie.
Mais si ce don [de
la persévérance jusqu'au paradis]
ne peut être mérité
[par
nos prières],
il peut être
obtenu par nos supplications [nos prières] cf. chapitre 6
N°10
cf. Th Aq Ia IIae q. 114 a. 9.
Le principe du mérite qui est l'état
de grâce ne peut pas être mérité
car la cause ne peut pas être effet
d'elle-même.
Or la persévérance finale
n'est autre que l'état de grâce conservé par Dieu au
moment de la mort
donc elle ne peut pas être méritée.
Elle dépend seulement de
Dieu
qui conserve en état de grâce ou qui y remet
Cependant,
la persévérance finale peut être obtenue par une prière
humble et confiante
qui s'adresse, non
pas à la justice divine, comme le mérite, mais à la
miséricorde.
D'où vient que nous pouvons mériter
la vie éternelle,
sans pouvoir mériter la persévérance
finale ?
C'est que la vie éternelle, loin
d'être le principe du mérite en est le terme et le but
De fait, on l'obtiendra à condition
de ne pas perdre ses mérites
dotrine confirmée par le Concile
de [la ville de] Trente
Denz. 806, 826, 832
"Il faut un secours spécial pour
que le juste persévère dans le bien".
p.96
Jésus a dit aux pharisiens : "Vous
mourrez dans votre péché"
L'immobilité de l'âme soit
dans le bien soit dans le mal
commence librement pendant la vie présente
et s'achève par un acte libre (conforme) au précédent)
au premier instant de l'état de séparation de l'âme
et du corps.
L'obstination a pu commencé longtemps
avant la mort, comme il arrive chez les pécheurs endurcis et ceux-là
peuvent être surpris par une mort subite (arrêt cardiaque,
attaque cérabrale, accident brutal).
Les Signes de Certitude Morale de Prédestination
Les Signes de Certitude Morale de Prédestination, d'après saint Jean Chrysostome, saint Augustin, saint Grégoire le Grand, saint Bernard, Saint Anselme, et selon certaines paroles de la Bible sont :
1°/ une bonne vie ;
2°/ le témoignage d'une conscience
pure de fautes graves et prête à la mort plutôt que
d'offenser Dieu gravement ;
3°/ la patience dans les adversités
pour l'amour de Dieu ;
4°/ la goût de la parole de
Dieu ;
5°/ la miséricorde à
l'égard des pauvres ;
6°/ l'amour des ennemis ;
7°/ l'humilité ;
8°/ une dévotion spéciale
à la saint Vierge à qui nous demandons tous les jours de
prier pour nous à l'heure de la mort ;
Saint Thomas d'Aquin enseigne en particulier que porter patiemment et longtemps une lourde croix est un signe de prédestination.
p.242
y-a-t-il un grand nombre de prédestinés
?
Le nombre des élus est-il inférieur
à celui des reprouvés ?
Saint Augustin et saint Thomas le pensent
à cause surtout des paroles de Notre Seigneur Jésus Christ:
"il y a beaucoup d'appelés mais peu d'élus" (Matthieu 20,
16)
et à cause de ses paroles sur le
petit nombre de ceux qui trouvent cette porte étroite du Ciel
(Matthieu 22, 14 ; 7,14)
Les fruits spirituels du mystère
du petit nombre [49 % au Ciel, 51 % en enfer] des élus sont : humilité,
fidélité, abandon.
Le motif formel de l'espérance
chrétienne ne consiste pas en notre effort mais dans le fait que
Dieu soit secourable,
notre secours est en Dieu
Deus Auxilans cf. p.252 Dieu Secourable
Le motif de la faute mortelle est le bien
supérieur en vue duquel Dieu permet ce mal :
la manifestation de la justice infinie
qui proclame les droits du Bien Suprême
à être aimé par dessus tout (p.231-233).
Auguste Castelein
L'Abbé Auguste Castelein, jésuite,
dansLe
Rigorisme, le Nombre des Elus et la Doctrine du Salut refuse le
petit nombre des élus.
Il accuse de jansénisme ceux qui
sont de l'opinion opposée à la sienne.
Il fait une confusion entre l'opinion
des jansénistes et celle des saints, Docteurs et Pères de
l'Eglise, lequels ont enseigné que seuls 49% des catholiques vont
au ciel. L'abbé Castelein confond cette opinion avec l'opinion des
jansénistes lesquels enseignent que seulement un pour cent ou même
un sur dix mille vont au paradis.
L'Abbé Castelein cite faussement
Saint
Alphonse de Liguori et saint Jean Chrysostome.
Le Père Castelein estime que savoir
si
oui ou non la majorité se condamne, n'a pas de conséquences
pratiques alors que tous les saints affirment au contraire : si la majorité
finit en enfer, c'est que nous ne devons pas imiter la majorité
qui ne prie pas et ne fait pas pénitence.
La conséquence pratique est la
suivante : on ne doit pas se comporter comme la masse du troupeau car
celle-ci refuse la miséricorde de Dieu et ne prend pas les moyens
d'échapper aux péchés mortels.
But de cette page
Cette page n'est pas
faite pour désespérer, elle est faite pour stimuler et combattre
l'erreur de la théologie Polnaref - Teilhard de Chardin - Urs
von Balthazar : la pieuse ignorance, "nous irons tous au paradis".
Pierre Teilhard de Chardin, s.j.,
(1881 - 1955) : "vous m'avez dit, mon Dieu, de croire à l'enfer.
Mais vous m'avez interdit de penser, avec absolue certitude, d'un seul
homme, qu'il était damné".
[l'Ecriture Sainte enseigne que Judas
est damné : Judas est selon Jésus l’homme pour qui il
eût mieux valu ne pas être né, Mt 26, 24. l'Ecriture
Sainte enseigne aussi que l'antéchrist sera damné cf. Apocalypse].
Le salut est conditionné à
l'acte le plus facile à faire pour l'homme : penser,
le salut est conditionné à
la prière, prier c'est penser à Dieu en l'aimant, c'est lui
consacrer du temps pour penser à lui. On peut prier allongé,
assis, debout, à genoux, il n'y a rien de plus facile.
Nous sommes tous pécheurs,
nous avons tous mérité l'enfer éternel, Jésus
est mort pour nous sauver tous de cet enfer, et tout homme qui le lui demandera
sera sauvé, qui prie se sauve, qui ne prie pas se damne,
voir saint Alphonse de Liguori, Traité
de la Prière
Jésus nous demande de prier pour
recevoir la grâce de l'aimer, c'est à dire vivre les 10 commandements
: Si vous m'aimez, vous garderez mes commandements, Jean 14, 15.
Ce ne sont pas ceux qui disent "Seigneur,
Seigneur" qui seront sauvés mais ceux qui font la volonté
de mon Père.
Matthieu 7, 21.
à voir, le roi Antiochus, livre des macchabées, exemple de fausse conversion à proximité de la mort.
Si l'enfer ne contient que des anges, Dieu n'a-t-il pas obtenu l'amour de ses saints en permettant qu'ils se laissent tromper par les révélations si claires de l'Ecriture Sainte et l'interprétation unanime des Pères de l'Eglise sur le point de savoir s'il y a bien des hommes en enfer ? Est-ce digne de Dieu d'obtenir de l'amour par une tromperie de sa créature ?
Vénérable Concepcion Cabrera
de Armida surnommée la Grande Conchita (1862-1937),
Confidence
de Jésus aux Prêtres, éditions Téqui, Paris,
p.48 :
Malheureusement beaucoup de prêtres
se perdent à cause de leur inertie, de leur dissipation et de leur
manque de zèle qui sont à l'origine de nombreux problèmes
dans l'église.
Saint Curé d'Ars, Saint Jean-Marie Vianney :
Il y a moins de peine pour se sauver que pour se damner. (Villier P.O.628)
Il est plus facile d'aller au ciel que de tomber en enfer. Le démon s'étonne de ce qu'il nous fait tomber si aisément en tentation.. Dieu est l'élément dans lequel nous devons vivre ; lorsque l'on sort de cet élément, on est malheureux. (Pagès P.O. 409)
Il donne leur éternité pour la misérable fumée du monde. (Monin I 267)
Ce n'est pas Dieu qui nous damne, c'est nous par nos péchés. Les damnés n'accusent pas Dieu...Ils s'accusent eux-mêmes. (Monin I 335, Monin II 430 Esprit 27 Esprit 156.)
cf. pour ces quatre citations : Abbé Bernard Nodet, Jean-Marie Vianney Curé d'Ars Sa pensée Son Coeur, éditions Xavier Mappus, Le Puy- Paris, 3ème édition, 1958. Chapitre 7, la pensée de l'enfer, p. 241.
Saint Mechtilde,Livre
de la Grâce Spéciale
(page 405-406 du pdf diffusé
par JesusMarie.com) :
5ème partie, chapitre 16 : Des
âmes de Salomon, de Samson, d'Origène et de Trajan
"Sur la requête d'un frère,
elle demanda au Seigneur où étaient les âmes de Salomon,
de Samson, d'Origène et de Trajan. A quoi le Seigneur répondit
: "je veux que les dispositions de ma miséricorde envers l'âme
de Salomon restent cachées aux hommes, afin qu'ils évitent
plus soigneusement les péchés de la chair. Ce que ma bonté
a fait de l'âme de Samson restera aussi inconnu, afin qu'on redoute
de tirer vengeance de ses ennemis. Ce que ma bonté a fait de l'âme
d'Origène restera aussi caché, afin que personne ne s'élève
en se fiant à sa science. Enfin ce que ma libéralité
a décidé pour l'âme de Trajan demeurera, de par ma
volonté, ignoré des hommes, afin que la foi catholique soit
plus exaltée, car cet empereur, quoique doué de toutes les
vertus, n'a eu ni la foi chrétienne, ni le baptême."
[en note, en bas de la page 332 se trouve
ceci : "Dans le seul manuscrit de Saint-Gall on trouve ajouté en
cet endroit, mais à la marge : " ce que ma bonté a fait pour
l'âme d'Aristote sera caché, de peur que le philosophe s'arrête
à la nature et méprise les choses célestes et surnaturelles."]
Remarque : nous donnons cette citation
par souci d'honnêteté intellectuelle mais elle est paradoxale
car les paroles attribuées à
Jésus produisent l'effet inverse que l'effet recherché.
les dispositions de ma miséricorde
envers l'âme de Salomon
Ce que ma bonté a fait
de l'âme de Samson
Ce que ma bonté a fait
de l'âme d'Origène
Enfin ce que ma libéralité
a décidé pour l'âme de Trajan
Ces trois mots, miséricorde, bonté,
libéralité, incitent à penser que ces personnes ne
furent pas damnées, sinon, Jésus n'aurait-il pas dit : "ce
que ma justice a fait envers..."
Va-t-on parler de miséricorde,
bonté, libéralité, s'il s'agit d'exprimer que les
personnes furent damnées éternellement en enfer ? Non. Donc
ces phrases affirment que Salomon, Samson, Origène et Trajan
sont sauvés. C'est du moins le sens le plus probable.
Donc, Jésus, qui aurait pu simplement
garder le silence face à cette question, indiquerait par quatre
exemples précis que même si l'on commet un grand nombre de
péchés de la chair comme Salomon, même si l'on se venge
de ses ennemis comme Samson, même si l'on s'élève en
se fiant à sa science comme Origène et même si l'on
ne possède ni le baptême ni la foi catholique comme l'empereur
Trajan, on peut être sauvé et passer l'éternité
au paradis !
Si cette phrase est bien de Jésus,
elle nous présente donc un Dieu qui se saurait pas mesurer l'effet
de ses paroles, ce qui nous semble impossible. Toute cette phrase n'est
pas autre chose qu'une incitation indirecte à s'imaginer que de
grands pécheurs, par ailleurs doués de talents exceptionnels,
peuvent obtenir de la miséricorde divine le salut éternel.
La miséricorde de Dieu est son attribut le plus glorieux, l'homme
le pire de toute l'humanité peut obtenir le pardon de ses péchés
tant qu'il est en vie.
Cette citation, néanmoins, est loin de d'inciter à éviter les péchés de la chair (Salomon). Elle n'incite pas non plus à redouter de tirer vengeance de ses ennemis (Samson). Ni à ne pas s'élever en se fiant à sa science (Origène). Enfin, elle n'exalte pas la foi catholique puisqu'elle nous explique qu'un empereur a pu être sauvé sans le baptême et sans la foi. Dieu est libre de ses dons et de ses choix.
Etant nous aussi des hommes pécheurs,
sauvés par la miséricorde de Jésus et maintenus en
état de grâce également par sa miséricorde infinie,
nous ne pouvons que nous réjouir du salut de ces quatre hommes si
c'est la vérité, en revanche, il est clair que beaucoup prendront
ce texte comme autre chose qu'un avertissement sur les dangers que nous
font courir les péchés sexuels (Salomon), la vengeance (Samson),
l'orgueil (Origène) et l'ignorance de la foi chrétienne et
du baptême (Trajan).
Evangile (apocryphe) selon
Thomas, logion 23
Jésus a dit : je vous choisirai
entre mille et deux entre dix mille et, debout, ils seront un.
Vision de saint Pacôme
selon
laquelle la majorité de ses moines seront damnés
cf saint Robert Bellarmin, Le Gémissement
de la Colombe, livre 2, chapitre 7 :
(...) Voici de quelle manière elle est racontée par l’Abbé Denys, excellent Auteur, qui a traduit fidèlement la vie de saint Pacôme du Grec en Latin. Un jour tandis que les frères s’assemblaient au refectoire, le vénérable vieillard saint Pacôme se retira dans une cellule où il avait accoutumé de s’entretenir seul avec Dieu. Là il se mit à conjurer le Seigneur de lui faire voir ce que deviendrait après lui sa nombreuse Congrégation (...) il eut tout à coup, sur le minuit, une vision dans laquelle Dieu lui fit connaître, sous une figure toute mystérieuse, que ses Monastères se multiplieraient dans la suite; que quelques-uns de ceux qu’on y recevrait, y vivraient avec beaucoup de piété et de pureté, mais que la plupart s'y perdraient par leur négligence.
Remarquez que d'un très-grand nombre de Religieux, il y en devrait avoir quelques-uns, c’est-à-dire, peu se sauveraient, et que la plupart devaient périr malheureusement. L’auteur continue, et raconte ainsi les particularités de la vision. Le saint homme, comme on le sut de sa propre bouche, vit une foule de Moines dans une vallée assez profonde et obscure. Quelques-uns d’eux voulaient monter; mais ils en étaient empêchés par d’autres, qui descendaient, de manière qu’il leur était impossible de sortir de là. D’autres, après quelques inutiles efforts, n’en pouvant plus, tombaient jusqu’au fond. D’autres étendus par terre, versaient des pleurs, et jetaient des cris pitoyables. Quelques-uns avec des peines extrêmes, montaient enfin, et dès qu’ils étaient arrivés au haut, ils se trouvaient environnés d’une lumière céleste, dans laquelle ils bénissaient Dieu de les avoir tirés de l’abîme.
C’est là ce que contenait toute la vision par où il paraît que le principe du relâchement des Religieux, est l’aveuglement d’esprit, comme saint Pacôme l’expliquait lui-même. Car c’est pour cela que Dieu lui montra tant de Moines, qui de l'état de perfection, où il les avait attirés, étaient tombés dans cette vallée profonde et obscure. Ce n’est point l’étoile qui les avait conduits à l'Etable de Bethléem, et s'ils avaient embrassé la pauvreté Evangélique, ce n’est pas que Dieu les y eut appelés, ni qu’il leur en eût donné la pensée; c’est parce que manquant de tout chez eux, ils espéraient ne manquer de rien dans le Monastère, ou parce que n’étant pas de naissance à être considérés dans le monde, ils croyaient qu'ils le seraient dans la Religion, ou par quelque autre semblable motif, qui ne pouvait être qu’une suggestion de la nature corrompue.
Ainsi ils avaient changé d’habit sans changer de mœurs, et après cela faut-il s’étonner si on voit tant de gens, qui cachent sous un extérieur religieux un esprit mondain, et s'il se trouve des partialités et des brigues pour les charges dans la maison même de Dieu, qui devrait être la maison de paix ? D’où vient ce désordre, sinon de ce qu’on n’y est point appelé par celui qui dit : Mettez sur vous mon joug, et apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur. Il faut donc que les Supérieurs zélés pour la réformation de leur Ordre, aient un soin très-particulier de n'y recevoir personne, dont ils n’aient examiné la vocation, et qu’au Noviciat on les éprouve tout de bon, non-seulement en les reprenant et les corrigeant de leurs fautes, mais en les accoutumant en toute rencontre, à mortifier leurs passions.
Revenons à la vision de saint Pacôme. Dans cette vallée profonde, où il vit une si grande multitude de Religieux, il en distingua de quatre sortes.
Les premiers tâchaient de monter; mais ils en étaient empêchés par d’autres qui descendaient et qui occupaient le chemin, et ils ne se connaissaient point les uns les autres. Cela voulait dire que dans les ordres les plus déréglés, il y a toujours quelques gens de bien, qui aspirent à la perfection, et qui s’efforcent d’y arriver; mais ils en sont détournés tant par le mauvais exemple, que par les discours scandaleux des autres. Or on dit qu'il ne se connaissent point, parce qu’il arrive souvent que ceux qu’on regarde comme frères, ou comme amis, et qui en ont l’apparence, sont de véritables ennemis.
Les seconds tâchaient de monter aussi-bien que les premiers; mais ils se laissaient incontinent, et perdant courage, ils tombaient au fond de l’abîme. Cela signifie qu’il n’y a point d’Ordre Religieux, quelque relâché qu’il soit, où il ne se trouve des personnes, qui non-seulement veulent la réforme et le rétablissement de la discipline, mais qui commencent à se reformer eux-mêmes, à résister aux tentations, et à réprimer leurs appétits déréglés. Cependant vaincus et entraînés par leurs anciennes habitudes, ils quittent enfin leurs bonnes résolutions, et meurent dans l’impénitence.
Les troisièmes couchés par terre, qui ne faisaient que pleurer et que gémir, représentaient assez naturellement les Religieux lâches, qui ne font pas le moindre effort pour gagner le haut de la montagne, où ils jouiraient du parfait repos, mais qui demeurent à terre, soupirant sans cesse, et pleurant non pas leurs péchés, mais leur misère, se plaignant souvent des occupations laborieuses et humiliantes que l’obéissance leur ordonne. Ô vie malheureuse, où l’on s’afflige, sans pouvoir attendre de consolation du Ciel; où l’on travaille sans mériter de récompense; où le chagrin suit le travail, et où la mortification temporelle traîne après elle la mort éternelle ! Qu’on serait heureux, si ce qu’on souffre par nécessité, on le souffrait de bon cœur, pour l’amour de Jésus-Christ ! Sans doute que l’on trouverait son joug fort doux, et son fardeau fort léger; et que par quelques peines passagères, on mériterait une éternité de bonheur.
Les derniers, avec un courage invincible, surmontant toutes les difficultés, écartant tout ce qui s’opposait à eux, arrivaient enfin à la cime de la montagne. Ceux-là figuraient les grandes Âmes, qui malgré tout ce qu’il y a de rude et d’épineux dans la voie étroite de la perfection, ne s’arrêtent point qu’elles n’y soient parvenues. Alors il leur vient d’en haut une abondance de lumière, qui dissipant toutes les ténèbres de l’erreur, leur fait connaître ce que c’est que la véritable liberté. Vous connaîtrez la vérité, disait le Sauveur, et la vérité vous affranchira. En effet, ceux à qui Dieu éclaire l’esprit, et dont il purifie le cœur, comprennent incontinent que hors sa grâce en cette vie, et sa gloire en l’autre, il n’y a rien d’estimable, rien qui puisse rendre l’homme heureux. Ainsi délivrés de toute crainte, et de tout amour des choses du monde, ils entrent dans la voie de la paix, ils y marchent sûrement et avec joie, jusqu’à ce qu’ils arrivent à la Jérusalem céleste.
On peut confirmer la vision de saint Pacôme,
par celle qu’eut saint François sur le progrès et sur la
décadence de son Ordre. Dieu lui fit voir une statue toute semblable
à celle que Nabuchodonosor avait vue autrefois en songe. C’était
un Colosse, qui avait la tête d’or, la poitrine d’argent, les jambes
de fer, les pieds en partie de fer, en partie d’argile. Tout cela est expliqué
assez au long dans les Chroniques de saint François qui contiennent
beaucoup de choses fort remarquables de la ferveur des premiers Pères
de cet Ordre, et du relâchement des derniers D’où l’on peut
conclure que d’une part il faut bénir Dieu d’avoir donné
et de donner encore à présent une infinité de Saints
à L’Eglise, dans tous les Ordres Religieux; et que d’autre part
on ne saurait assez gémir pour les grandes plaies qu’a souffertes
avec le temps cette partie, autrefois si sainte et si entière, du
troupeau de Jésus-Christ; qu’enfin on doit prier Dieu qu’il lui
plaise tourner le cœur des pères vers les enfans, et faire
revivre dans les enfans la sagesse sainte, et la fervente piété
des pères." (fin de la citation de cf saint Robert Bellarmin, Le
Gémissement de la Colombe, livre 2, chapitre 7).
4ème livre d'Esdras,
chap. 8, 1 et chap. 9,15 dans la Bible de Le Maistre de Sacy, Bible de
Port Royal, Livres Apocryphes de l'Ancien Testament
avec les écrits des tems apostoliques et les préfaces de
saint Jérôme en latin et en françois, avec des notes,
tome IV, 1717.
Chap. 7.
14. Ainsi ceux qui vivent dans le siècle
ne pourront obtenir ces biens réservés à leurs efforts,
s'ils ne passent auparavant par ces sentiers étroits et malheureux
(...)
18. Que les Justes passeraient par les
tribulations avant que d'entrer dans ces vastes demeures, mais que
les
impies quoique éprouvés par mille peines, en seraient
exclus.
(...)
20. Plusieurs ne périssent en cette
vie que parce qu'ils ont méprisé la loi qu'il leur avait
prescrite.
21. Car Dieu en les mettant sur la terre
leur a expressement marqué ce qu'ils devaient observer pour vivre,
et ce qu'ils devaient éviter pour n'être point punis.
22. Mais ils n'ont point écouté
ces avis salutaires ; il les ont contredits et ils ont suivi la vanité
de leurs pensées.
23. Et après s'être livrés
à des actions honteuses et criminelles, ils ont poussé leur
orgueil jusqu'à nier qu'il y eut un Dieu, ils ont refusé
de marcher dans ses voies.
24. Ils ont méprisé la loi,
ils ont renoncé à ses promesses, ils n'ont point été
fidèles à garder ses ordonnances, et ils n'ont point accompli
ses oeuvres.
(...)
41. Si donc à présent que
la corruption s'est accrue et que l'injustice s'est multipliée,
les Justes prient pour les impies ; pourquoi ne seraient-ils pas écoutés
? [les versets précédents font comprendre qu'ils seront écoutés
et que Dieu fera miséricorde]
(...)
57. Et il me dit : voilà une juste
idée du combat auquel l'homme est exposé dès qu'il
commence à voir le jour.
58. En sorte que s'il y est vaincu, il
souffrira ce que tu dis ; et si au contraire il en sort victorieux, il
recevra la récompense dont je t'ai parlé.
59. car c'est de cette vie immortelle
dont Moïse parlait autrefois au peuple, lorsqu'il lui disait : choisissez
la vie afin que vous viviez.
60. Mais ils ne crurent ni Moïse,
ni les Prophètes qui vinrent après lui : et ils ne m'ont
point crû moi-même quand je leur ai assuré
(...)
67. car s'il ne multipliait sa miséricorde,
ceux de ce siècle ne pourraient subsister, ni ceux qui doivent l'habiter,
recevoir la vie.
68. Si par sa bonté il ne remettait
les iniquités commises contre lui, de dix mille hommes il n'y en
aurait pas un seul de sauvé.
69. Et si celui-même qui doit les
juger ne leur pardonnait après les avoir purifiés par sa
parole et qu'il n'oubliât le nombre de leurs crimes ; de cette multitude
inombrable d'hommes, à peine y en aurait-il quelques-uns de sauvés.
Chap. 8. (p.56 du pdf google)
1. Alors l'Ange me répondit et
me dit : le Très-haut a créé le siècle présent
[= le monde présent] pour être le séjour d'une infinité
de créatures, mais le siècle futur [= le
monde futur] ne sera que pour un très petit nombre d'entre elles.
2. Esdras, je vais te faire comprendre
ces choses par une comparaison ; car si tu interroges la terre, elle te
répondra qu'elle peut fournir beaucoup de matière propre
à faire des vases de terre ; mais très peu de celle dont
se forme l'or.
3. Tel est l'état du siècle
présent, plusieurs y ont reçu l'être mais il
y en a très peu de sauvés.
(...)
14. Si donc vous perdez celui que nous
n'avez formé qu'après tant de soin et d'attention ; ne vous
était-il pas facile, après l'avoir créé, d'empêcher
qu'il ne se perdit.
15. Et maintenant Seigneur, je ne vous
prierai point pour tous les hommes en général, vous savez
ce que vous avez résolu d'en faire ; mais je vous parlerai en faveur
de votre peuple pour lequel je suis dans l'affliction
(...)
17. c'est pourquoi je commencerai à
vous offrir mes prières, et pour eux et pour moi, en considérant
les crimes que nous commettons tous les jours sur la terre ;
18. afin de prévenir le jour imprévu
auquel celui qui nous jugera doit venir nous surprendre.
(...)
28. Ne vous ressouvenez point de ceux
qui ont fait le mal à vos yeux ; mais de ceux qui, pénétrés
de votre crainte, ont respecté vos Ordonnances.
29. Ne nous punissez point à cause
de ceux qui se sont rendus semblables aux bêtes ; mais pardonnez-nous
en faveur de ceux qui, sans craindre les hommes, les ont instruits généreusement
de votre Loi.
30. Que votre indignation ne s'allume
point, à cause de ceux qui se sont mis au dessous des brutes même
: mais sauvez-nous en faveur de ceux qui se sont appuyés sur la
justice et la vérité de vos promesses
31. car, semblables à nos pères,
nous languissons dans toutes ces infirmités, et vous ferez éclater
votre miséricorde, en la répandant sur nous qui sommes des
pécheurs.
32. Si donc vous daignes avoir pitié
de nous, vous serez véritablement le Dieu de miséricorde,
puisque nous n'avons fait aucune oeuvre de justice
33. Mais pour les justes qui se sont fait
un trésor de bonnes oeuvres, ils en recevront la récompense.
34. Qu'est-ce donc que l'homme, pour qu'il
puisse exciter notre indignation ? Et quelle est cette race corrompue,
pour que vous armiez contre elle toute votre fureur ?
41. Comme les semences que le laboureur
confie à la terre ne remplissent pas toutes son attente au temps
de la moisson, et que les plantes qu'il cultive ne prennent pas toutes
également racine, ainsi de cette multitude d'hommes qui ont été
créés sur la terre, tous ne seront pas sauvés.
45. (Esdras implore miséricorde)
(...)
55. Ne t'inquiètes donc plus sur
le grand nombre de ceux qui doivent périr
56. car se trouvant parfaitement libres,
ils ont rejetté le Très haut, ils ont méprisé
sa loi sainte et se sont écartés de ses voies.
57. Ils ont foulé au pieds les
enfants du Très haut ;
58. Et ils ont dit dans leur coeur qu'il
n'y avait pas de Dieu ; quoiqu'ils sussent qu'ils étaient mortels.
59. Et pendant que vous jouirez tous du
bonheur qu je vous annonce ; pour eux, ils auront pour partage la soif
et les tourments qui leur sont préparés : Dieu cependant
n'a point souhaité la perte de l'homme.
60. Mais des hommes formés de ses
mains ont souillé la sainteté de son Nom, et n'ont eu que
de l'ingratitude pour l'Auteur de leur être.
61. c'est pourquoi je me prépare
à entrer en jugement avec eux.
62. Je n'ai découvert ces mystères
qu'à toi et à un petit nombre de justes qui te ressemblent.
Alors je [Esdras] dis :
63.
Chap.9 (...)
9. Mais pour ceux qui ont corrompu mes
voies, ils seront accablés de misères, et ceux qui les ont
rejettés avec mépris, n'auront pour partage que des tourments
sans fin.
10. Car je les avais comblés de
bienfaits pendant leur vie et ils ne m'ont point connu.
11. Ils n'avaient que du dégout
pour ma loi, lorsqu'ils étaient encore en pleine liberté
de la suivre.
12. Et ayant encore le temps de faire
pénitence, ils n'en ont point profité et se sont fermé
les yeux : il est donc juste que livrés enfin à la mort,
ils soient instruits par les tourments et les supplices.
13. Ne cherche donc plus à connaître
de quelle manière les impies sont tourmentés ; efforce toi
plutôt de découvrir quel sera le bonheur des Justes, qui sont
ceux qui composeront le siècles futur [le monde futur], et quand
il commencera à paraître.
14. Alors je répondis et je dis
:
15. Je l'ai dit autrefois, je le dis encore,
et je ne cesserai point de le dire : ceux qui tombent
dans la perdition sont en plus grand nombre que ceux qui seront sauvés.
16. Comme le flot de la mer est plus grand
qu'une des gouttes dont il est formé; et il me dit :
(...)
20. J'ai donc considéré
ce siècle, et j'ai vu les malheurs qu'allaient attirer sur lui ses
désirs criminels.
21. Je l'ai néanmoins épargné,
et je me suis réservé un grain
de la grappe et une plante d'une race nombreuse.
22. Périsse donc à jamais
cette multitude ingrate et stérile et qu'il n'en reste que ce grain
et cette plante que j'ai cultivé avec tant de soins.
Calmet, à compléter évangile saint Matthieu, p.60-61, 440, 473 : sur 600.000 soldats, seuls 2 pénètrent dans la terre promise, différence entre la paille et le grain, invité sans robe figure des réprouvés selon saint Augustin, mai 2013
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