édition numérique par Thierry Girard et www.JESUSMARIE.com
Notre Seigneur, parlant à son épouse de la manière d’affranchir quelques démoniaques, lui dit que, comme le corps a divers membres, de même l’âme a ses membres intérieurement en elle, et spirituellement, et Notre –Seigneur le déclare d’une manière fort belle
Le Fils de Dieu parle, disant : Vous êtes, ô mon épouse ! comme une roue qui en suit une autre : de même vous devez suivre mes volontés. Je vous ai parlé de quelqu’un dont l’âme est possédée. Or, maintenant, je vous dirai en quel membre il est affligé. Je suis semblable à un homme qui dirait à son bourreau : Il y a en votre maison trois prisons. En la première sont
2 :
tous ceux-là qui sont dignes
de perdre la vie. En la deuxième sont ceux-là qui doivent
être privés de quelque membre. En la troisième ceux-là
qui doivent être fouettés et écorchés de coups,
à qui le bourreau dirait : Seigneur, quelques-uns doivent être
privés de la vie ; les autres doivent être mutilés
et fustigés : pourquoi diffère-t-on le jugement ? car s’ils
étaient promptement jugés, leur douleur s’oublierait.
Notre-Seigneur répondit
: Ce que je fais, je ne le fais pas sans sujet ni raison, d’autant que
ceux qui doivent être privés de la vie, doivent avoir leur
temps, afin que les bons, voyant leurs misères, soient rendus meilleurs,
et que les mauvais craignent et prennent garde à eux à l’avenir.
Quant à ceux qui doivent être mutilés, il est nécessaire
qu’ils en aient plutôt l’affliction au cœur, afin qu’ils se repentent
des maux qu’ils ont perpétrés, et soient marris des crimes
qu’ils ont commis. Ceux aussi qui doivent être fouettés, doivent
aussi être éprouvés par les douleurs, afin que, ayant
négligé de se connaître en la joie, ils se connaissent
en la douleur, et partant, qu’ils prennent d’autant plus garde de ne tomber
en mêmes crimes, qu’ils en sortent avec peine
Or, je suis ce seigneur-là
: j’ai le diable pour bourreau de ma justice, pour me venger des mauvais
selon les démérites d’un chacun, auquel est aussi donné
puissance sur l’âme de celui-ci. Mais en quel nombre il exerce son
malheur, je vous le dirai maintenant ; car comme le corps est composé
au dehors par des membres, de m^me l’âme doit intérieurement
être disposée spirituellement ; car comme le corps
3 :
a les os, les moelles et la chair,
en la chair , le sang, et le sang en la chair, de même l’âme
doit avoir trois choses : la mémoire, la conscience et l’entendement
; car il y en a quelques-uns qui entendent des choses sublimes sur les
saintes Ecritures, mais ils n’ont aucune raison : à ceux là
il manque un membre. Il yen a qui ont une conscience raisonnable, mais
ils n’ont aucune intelligence. D’autres ont bien de l’entendement, mais
ils n’ont point de mémoire, et ceux-ci sont grandement infirmes
; mais ceux-là sont saints dans leur âme, qui ont la raison
saine, la mémoire et l’intellect. D’ailleurs le corps a trois réceptacles
: le premier est le cœur, sur lequel il y a une membrane grêle défendant
que rien d’immonde n’attaque le cœur, car si une moindre tache touchait
le cœur, soudain l’homme mourrait. Le deuxième réceptacle
est l’estomac. Le troisième, ce sont les entrailles, par lesquelles
toutes les choses nuisibles sont jetées dehors.
De même l’âme
doit avoir spirituellement trois réceptacles : le premier, un désir
divin et véhément comme un cœur enflammé, de sorte
que l’âme ne désire rien tant que moi qui suis son Dieu ;
autrement, si quelque pernicieuse affection, bien que petite, entre en
elle, soudain elle est tachée. Le deuxième est l’estomac,
c’est-à-dire, une secrète disposition du temps et des œuvres,
car toutes les viandes sont cuites et digérées en l’estomac
; de m^me tout le temps les pensées et les œuvres doivent être
réglées et rangées selon l’ordre de la Providence
divine, avec sagesse et utilité. Le troisième réceptacle,
ce sont les entrailles, c’est-à-dire, la contrition divine, par
laquelle les choses im-
4 :
mondes sont purifiées, et
la viande de la divine sagesse est mieux goûtée.
D’ailleurs, le corps a trois
choses par lesquelles il s’avance : la tête, les mains et les pieds.
La tête marque la divine charité : car comme en la tête
sont les cinq sens, de même l’âme goûte en la divine
charité tout ce qui est vu, ouï ; et tout ce qui est commandé,
elle l’accomplit très constamment. Partant, comme l’homme est mort,
étant sans tête, de même l’âme est morte, étant
sans charité envers Dieu, qui est la vie de l’âme. Les mains
de l’âme signifient la foi : car comme en la main il y a plusieurs
doigts, de même en la foi il y a plusieurs articles, bien qu’il n’y
ait qu’une seule foi : c’est pourquoi, par la foi parfaite, la divine volonté
est accomplie, et elle doit coopérer à toute bonne œuvre
; car comme par la main on fait les oeuvres à l’extérieur,
de même, par la foi accomplie, et elle, le Saint-Esprit opère
infiniment en l’âme, car la foi est le fondement de toutes les vertus
; car là où la foi n’est pas, sont anéanties la charité
et les bonnes œuvres. Les pieds de l’âme sont l’espérance,
car par elle, l’âme va à Dieu ; car comme le corps va par
les pieds, de même l’âme s’approche de Dieu par le pas des
désirs ardents et de l’espérance. La peau aussi est sur les
membres signifie la consolation divine, qui apaise l’âme troublée.
Et bien qu’il soit quelquefois permis au diable de troubler la mémoire,
quelquefois les mains et les pieds, néanmoins Dieu défend
toujours l’âme comme un lutteur, la console comme un père
pieux, la médicamente comme un médecin, afin qu’elle ne meure.
Partant , l’âme de
cet homme, duquel je vous
5 :
ai parlé, a été
lors rendue captive, quand elle a mérité d’être privée
de ses mains, pour l’inconstance de sa foi, car il n’avait pas une foi
droite. Mais d’autant que maintenant le temps de faire miséricorde
est arrivé, pour trois raisons : 1° en considération
de mon amour ; 2° à raison des prières de mes serviteurs
élus ; 3 ° qu’il fasse trois autres choses : 1° qu’il restitue
ce qu’il a mal acquis ; 2° qu’il tache d’avoir de la cour de Rome l’absolution
de la désobéissance ; 3° qu’il ne reçoive point
le corps de Notre-Seigneur avant d’être absous
CXVI
Notre-Seigneur Jésus-Christ se plaint à son épouse, des Gentils, des Juifs et singulièrement des mauvais chrétiens, d’autant qu’ils ne reçoivent les saints sacrements avec dévotion et avec pureté, comme il est convenable, et attendu qu’ils négligent de se souvenir du bénéfice de la création, rédemption et divine consolation.
Le Fils du Père éternel et le Fils de la Vierge dit : Je vous parle par similitude : supposez qu’il y eût trois hommes , et que le premier dit : Je crois que vous n’êtes ni Dieu ni homme, et un tel homme est appelé Gentil. Le deuxième, le Juif, crois que je suis Dieu, mais non pas homme. Le troisième, le chrétien, croit que je suis Dieu et homme, mais il ne croit point à mes parole. Je suis celui sur lequel la voix du Père éternel était ouïe : Celui-ci est mon Fils, est. Partant, je me suis plaint de la part de ma Divinité que les hommes ne veulent point m’en
6 :
tendre. Je criais et je disais :
Je suis le principe. Si vous croyez en moi , vous aurez la vie éternelle.
Mais ils ont méprisé mes paroles. Ils ont vu et connu la
puissance de ma Déité, quand je ressuscitais les morts et
faisais plusieurs autres merveilles , et néanmoins, ils n’y ont
pas pris garde. Je me plains aussi de la part de l’humanité, d’autant
que pas un ne se soucie de ce que j’ai institué en l’Eglise.
En vérité,
j’ai mis en l4eglise comme sept vases, qui seront tous entièrement
purifiés, car j’ai institué le baptême en purification
du pêché originel : le chrême enseigne la divine réconciliation,
l’huile sainte la force contre la mort. J’ai institué la pénitence
en rémission de tous les péchés, et les paroles saintes
et sacrées par lesquelles les sacrements seraient sanctifiés
et institués. J’ai institué le sacerdoce en dignité,
connaissance et en remémoration de la divine charité ; le
mariage en l’union des cœurs. Ces sacrements doivent être reçus
avec humilité, gardés avec pureté, donnés sans
avarice. Mais maintenant, ils sont pris avec superbe ; ils sont gardés
en des vases immondes, et sont conférés avec ambition et
cupidité.
Je me plains aussi qu’étant
né et étant mort pour le salut des hommes, si l’homme ne
me voulait aimer, d’autant que je l’ai créé, pour le moins
il me devait aimer pour l’avoir racheté. Mais maintenant, les hommes
me chassent de leur cœur comme un lépreux, et m’ont en abomination
comme un drap contaminé. Je me plains aussi de la part de la Divinité,
d’autant que les hommes n’en veulent point être consolés,
et ne se soucient point de l’amour qu’elle leur porte.
7 :
CXVII
L’épouse ouït que véritablement
Dieu vient au- devant de ceux qui le désirent, les console comme
un père pieux et bénin, et leur rend faciles les choses difficiles
Pendant que quelqu’un disait le Pater noster, l’épouse ouït comment alors répondait l’Esprit, disant : Mon ami, je vous réponds, en premier lieu, de la part de la Divinité, que vous aurez l’héritage avec votre Père ; en second lieu, de la part de l’humanité, que vous serez mon temple ; en troisième lieu, de la part de l’Esprit que vous n’aurez point de tentation par-dessus ce que vous pouvez porter : car le Père vous défendra, et le Saint-Esprit vous enflammera. Car comme la mère, quand elle entend la voix de son fils, lui va au-devant avec joie ; et comme le père, voyant le fils qui travaille, lui va au-devant au milieu du chemin, et porte avec lui le fardeau, de même je vais au-devant de mes amis, et je leur rends faciles toutes les choses difficiles, et les leur fais porter avec joie. Et comme quand quelqu’un, voyant quelque chose délectable, ne se console point, si ce n’est que le voisin s’en approche, de même je m’approche de ceux qui me désirent.
8 :
CXVIII
Notre-Seigneur dit à son épouse que le Père éternel attire à soi la bonne volonté des bons, la perfectionnant en choses bonnes ; et ceux qu’il voient de mauvaises volonté, il la leur change librement en une bonne, imprimant en elle un désir d’amender des crimes commis.
La Sapience incarnée,
le Fils de l’Eternel parle : Celui qui voudra entrer en société
avec moi, doit tourner sa volonté vers moi et se repentir des crimes
commis, et lors il est attiré par mon Père à la perfection,
car mon Père attire celui-là qui change sa mauvaise volonté
en bonne volonté, et désire franchement amender ses fautes.
Mais en quelle manière
est-ce que le Père l’attire ? Certainement, c’est que le perfectionnant
le bonne volonté au bien : car si l’affection n’était bonne,
le Père n’aurait de quoi l’attirer. Mais à quelques-uns je
suis si froid que mes voies ne leur plaisent en façon quelconque.
Aux autres je suis si doux qu’ils ne désirent que moi. A ceux-là
je donnerai le joie qui n’aura point de fin.
9 :
CXIX
La Mère de Dieu raconte ici sept biens qui sont en Jésus-Christ, et sept contraires, qui étaient repris des hommes
La Mère de Dieu parle
disant : Mon Fils a sept biens : 1°il est très puissant comme
un feu consumant ; 2° il est très sage ; sa sagesse surpasse
la connaissance des hommes, comme ils ne sauraient épuiser la mer
; 3° il est très fort comme une montage immobile ; 4° il
est très vertueux comme l’herbe agréable aux mouches ; 5°
très beau comme un soleil luisant ; 6° très juste comme
un roi qui ne pardonne à pas contre la justice ; 7° très
pieux comme un seigneur qui se donne pour la vie de son serviteur. Et d’un
autre côté, il a enduré sept autres choses, car au
lieu de la puissance, il a été fait comme un vermisseau ;
au lieu de sa sagesse, il a été estimé fou ; pour
sa force, comme un enfant lié de petits drapeaux ; pour sa beauté,
comme un lépreux ; pour sa vertu, il était nu et attaché
; pour sa justice, il était estimé mensonger et est mort
pour la piété.
CXX
Jésus-Christ dit à l’épouse qu’il y a deux sortes de délectations : spirituelles et charnelle. La délectation spirituelle consiste à se plaire dans les bienfaits de Dieu.
Le Fils de Dieu parle et dit à sainte Brigitte :
10 :
Entre moi et celui que vous savez,
il y a quelque membrane qui lui empêche de goûter mes douceurs
; mais quelque autre chose qui lui plaît.
Et l’épouse, qui entendait
ceci, dit à Notre-Seigneur : Ne pourra-t-il jamais avoir quelque
délectation ?
Notre-Seigneur repartit et lui dit
: Il y a deux sortes de délectations : L’une est charnelle et l’autre
spirituelle. La charnelle ou naturelle est et consiste en ce que la nature
le requérant ainsi par nécessité, on prend la réfection,
en laquelle l’homme se doit entretenir en ces pensées : O Seigneur
! qui nous avez commandé de nous rafraîchir et de nous nourrir
selon la nécessité, louange vous soit ! Je vous en supplie,
donnez-moi la grâce que je ne pêche point en mangeant. Que
si quelque plaisir surprend le cœur des biens temporels, qu’il occupe son
esprit en ces considérations : O Seigneur ! toutes les choses terrestres
ne sont que terre coulante : partant, donnez-moi la grâce d’en disposer
et d’en user en telle sorte que j’en puisse rendre raison à tous.
La délectation spirituelle consiste en ce que l’âme se plaît
dans les bénéfices divins, use des choses temporelles pour
la nécessité, et s’y occupe comme contrainte. Or, cette membrane
est alors ôtée, quand Dieu est doux à l’âme,
et que l’âme a toujours la crainte de Dieu.
11 :
CXXI
Que l’habit ne fait pas le moine, mais bien la vertu d’obéissance et d’observance régulière , et que la vraie contrition de cœur ; avec propos de s’amender , affranchit l’âme de la main du diable
Le diable, ennemi de Dieu
et des hommes, apparut et dit : Le moine s’en est allé ; el n’en
demeure que la seule effigie. Et Notre-Seigneur dit : Quel est ce moine
?- Je le ferai , dit-il mais par contrainte. Le moine est gardien de soi-même
; son habit est l’obéissance et l’observance de sa profession, car
comme le corps est couvert du vêtement, de même l’âme
doit être enrichie de ses vertus. Donc, l’habit extérieur
ne profite de rien, si l’habit extérieur n’y est pas, car l’habit
ne fait pas le moine, mais la vertu. Ce même s’en est allé
lorsqu’il avait ces pensées : Je connais mon pêché
; j’amenderai du reste et ne pécherai plus, moyennant la grâce
de Dieu. Par cette volonté, il s’est retiré et arraché
de moi, et il est maintenant à vous.
Notre-Seigneur lui dit :Comment
son effigie demeure-t-elle ?-Le démon dit : C’est quand on ne se
souvient point de ses pêchés et que l’on ne s ‘en repent point
comme il faudrait.
DECLARATION
Ce frère vit, dans les mains
du prêtre qui levait le corps de Notre Seigneur, le petit Jésus
qui lui disait: je suis le Fils de Dieu et le Fils de la Vierge.
Il vit aussi que, dans un an, il mour-
12 :
rait, et en connut l’heure. Il est
parlé de celui-ci en plusieurs chapitres, en la légende de
saint Brigitte ; son frère s’appelait Géréchinus.
Celui-ci fut d’une signalée continence, qui, avant de mourir, vit
une écriture d’or en laquelle il y avait ces trois lettres d’or
:P.O. et T. ; et racontant ce ci à ses frères, il dit : Venez,
ô Pierre ! hâtez-vous, ô Olave et Thordo ! et il mourut
.Or , ces trois ainsi appelés moururent en une semaine et le suivirent.
Il est parlé du même frère en l’Extravagante, chapitre
LV.
CXXII
Que la vie de l’homme tiède et lâche est comme un pont étroit et périlleux, duquel, s’il ne se détourne soudain, descendant dans le navire de pénitence et de vertu, il sera précipité dans les fondrières de l’enfer par le démon, son ennemi.
Celui-là est mon ennemi capital, qui se moque de moi en se jouant , il tâche autant qu’il peut de contenter ses volontés et de remplir et assouvir ses cupidités ; il est comme celui qui est couché en un pont fort étroit, qui a en sa gauche un grand chaos, duquel ne se relève jamais celui qui est une fois tombé du côté gauche ; il y a un navire ; s’il y saute, il sera sauvé avec labeur, et néanmoins, il ya espérance de vie éternelle. Ce pont est sa vie lamentable et brève, en laquelle il n’est pas comme un homme qui combat généreusement, non pas comme un homme pèlerin qui avance toujours chemin, mais bien comme un homme lâche et paresseux qui désire insatiablement boire les eaux de volupté. Deux choses donc s’opposent à lui, car il se lève du pont et descend donc dans l’abîme, c’est-à-dire, aux œuvres de la chair, ou s’il saute dans le navire, il esquivera avec grand labeur, car s’il embrasse la rigueur de la Sainte Eglise et son institution, cela lui est paisible, néanmoins, il sera sauvé par cela. Qu’il se tourne donc le plus tôt vers le navire, de peur que l’ennemi juré ne le précipite du pont dans les abîmes, car lors il criera, mais il ne sera pas exaucé, mais sera éternellement puni.
ADDITION
Celui-ci, voyant ce roi changé et qu’il ne l’oyait pas chez soi comme il avait accoutumé, portait envie à sainte Brigitte, laquelle passant par une rue fort étroite ; il épancha sur elle d’en haut un grand vase d’eau ; elle patienta à merveille et dit : Dieu vous le pardonne et ne vous le rende point au siècle futur ! Lors Notre-Seigneur apparut à elle à la messe, lui disant : Cet homme qui de la fenêtre, a jeté sur vous de l’eau, mu à cela par l’envie, désire le sang, répand le sang, désire la terre et non moi ; s’il adore sa chair au lieu de moi, qui suis son Dieu ; il me chasse de son cœur. Qu’il se donne garde aussi de mourir en son sang. Après, cet homme vécut bien peu ; et le flux de sang sortant de son nez, il mourut comme elle l’a dit.
14:
CXXIII
Jésus-Christ défend son épouse sainte Brigitte, c’est-à-dire, l’âme convertie du monde à la vie spirituelle, laquelle le père, mère, frère et sœur, tâchaient de retirer de l’amour et du chaste mariage.
Le Fils de l’Eternel dit à
se chère épouse : Je suis comme un époux qui a pris
une épouse que le père, mère, frère et sœur
me demandent, car le Père dit : Rendez-moi ma fille, car elle est
née de mon sang. La mère dit : rendez-moi ma fille, car elle
a été nourrie de mon lait. Le frère dit : Rendez-moi
ma sœur, car il appartient à moi de la régir. La sœur dit
: Rendez-moi ma sœur , car elle a été nourrie avec moi .
L’époux leur répondit : O père, si votre fille est
née de votre sang, elle doit être maintenant remplie de mon
sang. O mère, si vous l’avez nourrie de votre lait, je la repaîtrai
de les délices. O frère, si vous l’avez régie jusqu’à
maintenant, je la régirai maintenant. O sœur, si elle est nourrie
selon vos coutumes, elle prendra maintenant les miennes.
Il en a été
fait de la sorte avec vous, car si le père, c’est-à-dire,
la volupté de la chair, vous demande, sachez que je vous remplirai
de charité et d’amour. Si la mère, c’est-à-dire,
les soins du monde vous redemandent, c’est à moi de vous remplir
du lait de mes indicibles consolations. Si le frère vous redemande,
c’est-à-dire, la volonté propre, dites que vous êtes
obligée de faire mes volontés. Si la sœur, c’est-à-dire,
la coutume de la conversation humaine vous re-
15:
demande, dites que vous êtes
obligée de faire mes volontés.
CXXIV=124
En quelle manière sainte Agnès mettait en la tête de l’épouse une couronne de sept pierres précieuses, savoir : la patience dans les tribulations, etc.
Sainte Agnès parle
disant : Venez, ma fille, et je mettrai sur votre tête une couronne
faite de sept pierres précieuses. Qu’est-ce que cette couronne,
sinon une épreuve d’une patience invincible, qui est faite d’afflictions,
est ornée et enrichie de Dieu par des couronnes ?
Donc, la première
pierre de cette couronne est un jaspe qu’a mis sur votre tête celui
qui vomissait sur vous des paroles injurieuses, disant qu’il ne savait
de quel esprit vous parliez, et qu’il vous était plus convenable
de filer subtilement à la manière des femmes que de disputer
de la sainte Ecriture. Partant, comme le jaspe subtilise la vue et allume
la joie en l’âme par la tribulation , illumine l’esprit pour comprendre
les choses spirituelles, et mortifie l’âme des mouvements déréglés.
La deuxième pierre
est un saphir, que celui qui vous louait devant vous et médisait
de vous en votre absence, a mis en votre couronne. Donc, comme le saphir
est de la couleur du ciel et conserve aussi les membres en santé,
de même la malice des hommes éprouve le juste, afin qu’il
devienne tout céleste, et garde le puissances de l’âme, afin
que la superbe ne la surprenne.
16:
La troisième pierre
est une émeraude qu’a ajouté à votre couronne celui
qui vous dit que vous aviez parlé sans y avoir pensé et sans
savoir ce que vous disiez. Partant, comme l’émeraude est fragile
de soi, néanmoins, elle est belle et d’une couleur verte ; de même
soudain soin mensonge sera bientôt anéanti ; il fera néanmoins
l’âme belle à raison de la rémunération et récompense
de la patience invincible.
La quatrième pierre
est la marguerite, perle que vous donna celui qui , en votre présence,
offensa d’injures l’ami de Dieu, desquelles injures vous aviez plus de
ressentiments que les vôtres. Partant, comme la perle est belle et
blanche, elle soulage les passions du cœur ; de même la douleur d’amour
introduit Dieu en l’âme, et apaise les passions de l’ire et de l’impatience.
La cinquième pierre
est une topaze. Celui qui vous parlait amèrement vous a donné
cette pierre, lequel vous avez béni au contraire. Partant, comme
la topaze est d’une couleur d’or et garde la chasteté et la beauté,
de même il n’y a rien de si beau ni de plus agréable à
Dieu que d’aimer celui qui nous a lésé et offensés,
et de prier Dieu pour ceux qui nous persécutent..
La sixième pierre
est un diamant. Cette
17:
pierre vous a été
donnée par celui qui vous endommagea grandement le corps, ce que
vous tolérâtes avec une grande patience, et ne le voulûtes
déshonorer. Partant, comme le diamant ne se casse point avec les
coups, mais avec le sang de bouc, de m^me Dieu se plaît grandement
qu’on ne se venge point, mais qu’on oublie tout le dommage pour l’amour
de Dieu, pensant incessamment à ce qu Dieu a fait pour l’amour de
l’homme.
La septième pierre
est une escarboucle. Cette pierre vous a été donnée
par celui qui vous annonça de fausses nouvelles, vous disant que
votre fils Charles était mort, lorsque vous eûtes pris cette
mort avec patience et résignation. Partant, comme l’escarboucle
luit en la maison, et est très belle en l’anneau, de même
l’homme qui est patient en la perte de quelque chose qui lui est très
chère, provoque Dieu à l’aimer, reluit en la présence
des saints, et agrée comme une pierre précieuse.
Partant , ma fille, demeurez
stable, car pour accomplir votre couronne, d’autres pierres vous sont encore
nécessaires ; car Abraham et Job, ont été meilleurs,
plus connus et plus fameux par la probation, et saint Jean plus saint par
le témoignage de la vérité infaillible.
CXXV=125
La Mère de Dieu parle à sa fille, épouse de Jésus-Christ, mettant en avant une belle figure de sept animaux, par lesquels quatre sortes d’hommes vicieux et trois sortes d’hommes vertueux sont notamment désignés.
La Mère de Dieu parle,
disant : Il y a sept animaux.
Le premier a des cornes très-grandes,
desquelles enflé de superbe et faisant le guerre contre les autres
animaux, il meurt bientôt, d’autant qu’à raison de ses cornes,
il ne peur courir vivement, mais il est retenu par les halliers et par
les troncs.
Le deuxième animal
est petit, ayant une corne, et sous icelle une pierre précieuse
? Cet animal ne peut être pris que par une vierge, car
Fin page 17.