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Bienheureuse Anne Catherine Emmerich
(1774-1824)
Béatification en octobre 2004
télécharger gratuitement les 9 livres d'Anne-Catherine Emmerich 1720 pages  1,92 Mo
Les 9 livres de l'édition papier sont mis en lecture sur le site en 6 pages au format html.
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Vie de la Vierge Marie

Les Mystères de l'Ancienne Alliance---télécharger

La Douloureuse Passion

3 Tomes de la Vie d'Anne-Catherine Emmerich
par le père Schmoeger

source: http://www.livres-mystiques.com/

Dimanche 3 octobre 2004  – Anne-Catherine Emmerich tirait sa force de l’Eucharistie, a souligné
Jean-Paul II lors de la béatification d e la mystique allemande, ce matin, place Saint-Pierre.

En Allemand, le pape évoquait, dans son homélie, la figure d’Anne-Catherine Emmerich, soulignant qu’elle avait souffert dans son corps
"l’amère Passion de Notre Seigneur Jésus Christ". Le pape rappelait que la "Mystique du pays de Münster" était la fille de "paysans
pauvres", et cherchait avec ardeur la "proximité de Dieu" et que s’est accomplie en elle "l’œuvre de la gloire de Dieu". Le pape soulignait
l’opposition entre sa "pauvreté matérielle" et la "richesse de sa vie intérieure". La "patience" qu’elle démontra pour surmonter sa
"faiblesse corporelle" est caractéristique de la "force des nouveaux bienheureux et de leur fermeté dans la foi".

Mais elle tirait cette force, expliquait encore le pape, "de la sainte Eucharistie", en sorte que son exemple a attiré au Christ "pauvres et
riches, gens simples ou cultivés". "Aujourd’hui encore, disait le pape, elle partage à tous les rachetés la Bonne nouvelle : C’est par les
blessures du Christ que nous sommes sauvés (Cf. 1 Petr 2, 24)".

    2004-09-30

    Anne-Catherine Emmerich, portrait par une Orthodoxe du Liban

 Jeudi 30 septembre 2004 – Lina Murr Nehmé est orthodoxe et libanaise. Artiste et historienne, elle est également auteur de nombreux
    ouvrages dans les domaines historique, artistique et exégétique. À l’occasion de la béatification d’Anne-Catherine Emmerich, elle publie, aux Éditions François-Xavier de
    Guibert, une nouvelle version de "la Douloureuse Passion du Christ" qui sera prochainement en librairie en France.

    Qui est Anne-Catherine Emmerich ?

    Anne-Catherine Emmerich était une paysanne de Westphalie, en Allemagne. Elle avait dix-neuf ans quand a commencé la Révolution française.

    Elle voulait devenir moniale, mais elle se heurtait à un mur. D’abord, son père ne voulait pas. Ensuite, les couvents étaient si pauvres qu’ils ne pouvaient pas accepter de
    nouvelles recrues si elles n’avaient pas de dot. Anne-Catherine pensa que si elle apprenait l’orgue, elle serait acceptée quelque part. Elle se mit à faire des travaux de
    couture, pour économiser de quoi payer ses leçons. Quand elle pensa avoir suffisamment d’argent, elle quitta la maison paternelle et alla s’installer chez son maître à
    musique.

    Mais vite, elle réalisa que lui et sa fille Clara avaient faim et vivaient dans la saleté. Elle se mit à les servir, et elle n’apprit pas l’orgue. Plus : elle dépensa toutes ses économies
    pour les nourrir, et quand elles furent finies, elle se retrouva sans rien, à avoir faim avec eux. Ce furent des années très dures. En cachette de son père, sa mère lui apportait
    de la nourriture. Quand elle lui reprochait ce qu’elle avait fait, Anne-Catherine, pourtant très malheureuse, répondait que si Dieu la voulait au couvent, il trouverait moyen de
    l’y mettre.

    De fait, Clara, au contact d’Anne-Catherine, eut elle aussi la vocation religieuse. Elle n’avait aucune difficulté à trouver un couvent, puisqu’elle savait jouer de l’orgue. Mais
    son père exigea qu’Anne-Catherine soit acceptée aussi. Et c’est ainsi qu’Anne-Catherine entra avec Clara au couvent des Augustines d’Agnetenberg à Dülmen.

    Mais l’Allemagne passa sous la domination napoléonienne, et Jérôme Bonaparte décréta la dissolution de ses monastères. Anne-Catherine fut jetée dans le monde, où elle
    perdit toute espèce d’anonymat. Elle avait des visions depuis l’enfance, et elle avait même reçu les stigmates de la couronne d’épines. Personne ne le savait : elle les cachait
    soigneusement. Mais dans la petite ville de Dülmen, où elle vécut jusqu’à sa mort, ses visions, ses miracles, autrefois protégés derrière les murs du couvent, se trouvèrent
    étalés au grand jour. Et elle reçut les autres stigmates. On ne peut pas cacher des blessures aux mains, et toute la ville le sut.

    Les admirateurs et les faux amis la firent souffrir autant que les cancans et les persécutions des inquisiteurs religieux, politiques, médiatiques et médicaux. Les autorités
    française et allemande la soumirent à des examens médicaux pour prouver qu’elle entretenait ses blessures en cachette, qu’elle mangeait et excrétait en secret. Elles la firent
    surveiller nuit et jour. Elles ne purent que constater qu’elle ne mentait pas, mais n’en tirèrent pas de conclusion.

    On parlait de plus en plus d’Anne-Catherine en Allemagne. On disait qu’elle voyait la vie du Christ, des saints, des prophètes de la Bible. Le leader du mouvement
    romantique allemand, Clemens Brentano, vint la voir. Il fut tellement enthousiasmé par ce qu’il entendit, qu’il s’installa à Dülmen, où, pendant six ans, il prit des notes et
    tenta d’en tirer des récits cohérents.

    C’est à Brentano qu’on doit ainsi de connaître les précieux récits concernant le Christ, la Vierge et de nombreux saints. On lui doit aussi de savoir ce qu’Anne-Catherine
    endura de souffrances pour soulager ceux qui ployaient sous le poids de leurs fardeaux et pour leur donner la force de se relever. Elle parlait par obéissance, parce que ses
    supérieurs le lui avaient ordonné, et quand elle recevait l’ordre de se taire, elle se taisait. Elle aurait bien préféré rester cachée, et surtout, ne pas avoir vu certaines choses.
    Un jour, alors qu’elle avait vu les malheurs qui allaient fondre sur l’Église d’Espagne, elle pensa : "Pourquoi faut-il que je voie tout cela, moi, pauvre pécheresse ; je ne peux
    pas le raconter, et il y a tant de choses que je ne comprends pas !" Alors son ange gardien lui dit : "Tu ne peux pas savoir combien d’âmes liront un jour cela et seront par là
    consolées, ranimées et incitées au bien. Il existe beaucoup de récits de grâces semblables accordées à d’autres, mais la plupart du temps, ils ne sont pas faits comme il
    faudrait. De plus, les anciennes choses sont devenues étrangères aux hommes de ce temps, et elles ont été discréditées par des inculpations téméraires : ce que tu peux
    raconter est suffisamment intelligible, et cela peut produire beaucoup de bien que tu ne peux pas apprécier."
    "Ces paroles, me consolèrent", dit simplement Anne-Catherine, en rapportant l’épisode.

    Elle avait bien besoin de consolation : quand Brentano publia la Douloureuse Passion, il fut traîné dans la boue, lui qui avait brillé comme une étoile au sommet du monde
    littéraire allemand. Le livre fut cependant un succès de librairie. Grâce à cette publicité, qui la fit tant souffrir, Anne-Catherine avait déclenché, au cœur de l’Europe
    matérialiste et athée, un extraordinaire mouvement de conversion, qui ne s’est jamais arrêté depuis.

    Lina Murr Nehmé

- Lina Murr Nehmé, pourquoi une nouvelle édition du livre d’Anne-Catherine Emmerich ?

Lina Murr Nehmé : Parce que le livre est beau à l’extrême, et pourtant, il contient des longueurs, des redondances, des passages qui ne
sont pas mis au bon endroit. Tout le monde n’a pas l’indulgence de supporter cela. Il fallait présenter au public une version dans un
français moderne, et mettre les longueurs sous forme de notes en fin de livre. De plus, il y a un grand décalage entre ce
qu’Anne-Catherine Emmerich dit et ce que nous pensons de l’époque du Christ, je le sais par expérience. Il m’a semblé utile de fournir
aussi des notes et des hors-textes explicatifs, avec, en plus, des photos nombreuses.

- Quel est le message d’Anne-Catherine pour notre temps ?

Lina Murr Nehmé : Je pense que son message essentiel est œcuménique, et ceux qui la prétendent sectaire sont ceux qui ne la
connaissent pas. Pour elle, les hommes, les femmes ne sont pas bons ou mauvais en fonction de leurs religions ou de leurs idées, mais de
leurs actes. Par exemple, elle décrit Pilate et les grands-prêtres juifs avec une égale sévérité, mais il en est tout autrement quand elle parle
de la femme de Pilate, ou des Juifs ou Romains compatissants qui avaient des gestes de miséricorde envers cet être qui, pour eux, n’était
ni Dieu, ni le Messie, mais rien qu’un pauvre condamné.
Il est vrai que dans la Douloureuse Passion, elle accuse surtout les Juifs, mais c’est parce qu’elle y raconte une tragédie qui s’est
déroulée en pays juif. Quand elle raconte des tragédies qui se sont déroulées en pays païen, elle accuse les païens. Ce qui est logique : la
foule, sauf de rares exceptions, est généralement persécutrice, et le scénario de la Passion est criant de vérité.

- Comment se fait-il que vous, une Orthodoxe, vous intéressiez à elle ?

Lina Murr Nehmé : Au ciel, il n’y a pas de schisme orthodoxe. Soit Anne-Catherine a pratiqué l’Evangile et elle est au ciel — et alors,
elle nous appartient à tous — soit elle ne l’a pas fait, et elle ne nous intéresse pas. Être Orthodoxe ou Catholique ne change pas l’attitude
d’une Église face aux saints de l’autre, puisque sur tous les problèmes importants de la foi, nous pensons la même chose. Je ne vois pas
pourquoi je me priverais de la moitié des saints. L’Union est un enrichissement, et j’ai écrit les arguments bibliques qui m’ont
convaincue de la légitimité du pape dans une annexe de mon livre "1453 : Mahomet II impose le schisme orthodoxe", et je n’y reviendrai
pas ici.

- Anne-Catherine Emmerich a-t-elle influencé votre façon de voir le pape ou d’autres éléments de la foi ?

Lina Murr Nehmé : Oui. À partir du moment où j’ai réalisé qu’elle racontait des choses qui, dans leur majorité, étaient logiques, j’ai été
obligée, par honnêteté, de voir que je me trompais quand je pensais tant de mal de la papauté, de l’Ancien Testament, de Moïse et des
prophètes, et des Juifs de l’Antiquité. J’ai fait des recherches dans la Bible, et j’ai été obligée de reconnaître que ce qu’elle disait des
Juifs et de leurs prophètes était exact du point de vue évangélique. Cette remise en question a été une des plus douloureuses de ma vie,
et certainement, la plus douloureuse pour mon orgueil. Je trouve ridicule qu’on accuse Anne-Catherine d’antisémitisme, quand elle force
le lecteur le plus hostile aux Juifs, à les réhabiliter dans ce qu’ils ont de plus sacré, et à les aimer.

- Comment en êtes-vous arrivée à connaître Anne-Catherine Emmerich ?

Lina Murr Nehmé : Des prêtres français m’avaient parlé d’elle, quand j’étais jeune. Ils m’avaient prêté le livre sur la Passion. Je l’avais
ouvert, et je l’avais aussitôt refermé en me disant : "C’est de la fumisterie." Mais dix ans plus tard, voulant écrire un livre sur le Christ,
j’ai réalisé qu’en dehors de la Bible et de Flavius Josèphe, il n’existe quasiment pas d’écrits datant de cette époque, et parlant de cette
société. La plupart, malheureusement, ont disparu. Et comme on m’avait dit qu’Anne-Catherine avait donné des renseignements
historiques et archéologiques qui, par la suite, s’étaient révélés exacts, je m’étais procuré ses livres pour avoir des renseignements, ou
plutôt, des signes de piste, que je pourrais vérifier ou infirmer dans mes recherches. Je ne cite jamais Anne-Catherine dans mes travaux
scientifiques, mais ce que je dis, je le dois aux recherches que j’ai faites pour voir si ce qu’elle disait était vrai.

- Comment situer Anne-Catherine en tant que religieuse ?

Lina Murr Nehmé : Je crois qu’il faut la situer surtout par rapport à son ordre, celui des Augustins, qui était aussi l’ordre de Luther et
d’Érasme. C’est une coïncidence curieuse, car Anne-Catherine a été leur antithèse, surtout, l’antithèse d’Érasme. Anne-Catherine,
comme Erasme, a eu une influence décisive sur l’Europe de son temps, par ses écrits. Mais Érasme faisait de la démolition ;
Anne-Catherine faisait l’inverse. En fait, elle a été victime de l’esprit de persiflage et d’hostilité à l’Eglise qu’il avait semé. Si elle avait
vécu un ou deux siècles avant lui, on n’aurait pas mis tant de temps à la canoniser à cause de ses visions, comme le prouve l’exemple de
sainte Catherine de Sienne, dont les textes "passent" beaucoup moins que ceux d’Anne-Catherine Emmerich. Mais pourquoi ne
critique-t-on que les saints ? Que dire des écrits d’Érasme !

- Comment pouvez-vous situer Anne-Catherine en tant que femme ?

Lina Murr Nehmé : C’est vrai, on se demande pourquoi c’est à une femme, Anne-Catherine, qu’a été donnée cette science que tant
d’hommes auraient voulu avoir. Peut-être parce que, comme dit saint Paul, la force de Dieu se manifeste dans la faiblesse. La science
était devenue une déesse pour les hommes, et les rois les plus chrétiens, les papes permettaient qu’avec leur propre argent, des artistes
honorent, sur les portes de leur palais, et parfois dans leurs églises, des dieux et de déesses dont les premiers chrétiens avaient brisé les
statues. Si les riches désertent, Dieu fera appel aux pauvres. Si les hommes désertent, Dieu choisira les femmes pour leur donner des
leçons, comme il a fait après la Passion, quand il a envoyé les femmes annoncer sa Résurrection aux disciples. Et Anne-Catherine était
ce que les hommes haut placés qui prisaient tant le nouvel art païen, trouvaient alors de plus méprisable : une paysanne illettrée, une
religieuse chassée de son couvent, une malade, une infirme. C’est là qu’on réalise combien l’égalité qu’on nous pousse à réclamer est
fictive : quelle égalité une Anne-Catherine pouvait-elle réclamer, elle qui n’avait pas la force de bouger un panier de linge mouillé qu’on
mettait sur son lit, et dont personne ne voulait ? Pourtant, Brentano, une des stars littéraires de son temps, la considérait infiniment
supérieure à lui. Et c’est devant elle, pas devant ses persécuteurs, qu’on sent le désir de se mettre à genoux aujourd’hui.

- Que signifie pour vous la béatification d’Anne-Catherine Emmerich ?

Lina Murr Nehmé : Je crois qu’on ne peut que s’incliner devant le courage de Jean-Paul II et de son Église, qui ont reconnu la sainteté
d’Anne-Catherine, en des temps où il suffit de dire qu’on ne la méprise pas pour être soi-même méprisé.

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